St-Cyrano de Vergerac
Edmond ROSTAND nous livra en son temps le récit des exploits d'un gascon flamboyant, fameux bretteur autant que libre penseur, dont l'esprit de répartie n'avait d'égal que son célèbre appendice nasal. Et dont les déboires amoureux sont devenus proverbiaux puisque sa bien aimée cousine Roxane lui aura finalement préféré le chanteur Sting (on l'a d'ailleurs aperçue mardi dernier à ses côtés dans les coulisses du Zénith Oméga de Toulon Ndlr).
Laissez nous donc vous conter à notre tour l'histoire plus endémique de son cousin bucco-rhodanien, St-Cyrano de Vergerac et de sa belle Véronique.
La narration, une fois n'est pas coutume, en sera rétrospective.
Celle-ci se termine en effet par des mises en examen : celles du patron de l’AGPM et de sa directrice générale déléguée, tous deux placés en garde à vue, le 4 juin dernier dans le cadre d’une enquête sur des faits de harcèlement moral et sexuel au sein de l’entreprise, où plus de vingt victimes ont été identifiées.
Climat de peur, gouvernance opaque, mesures vexatoires, « chasse aux sorcières », humiliations publiques étaient devenus monnaie courante au sein de cette entreprise de 900 salariés, comme le titrait à l'époque le journal Var-Matin.
Mais quel rapport cela peut-il bien avoir avec le cousin du fier péri-gourdin ?
Patience, voyons, nous n'en sommes qu'à la fin...
A priori, effectivement, aucun rapport direct même si Jean-Pierre GIRAN semble bien connaître la directrice générale déléguée de l'AGPM puisque le président de la Métropole a tenu à honorer en personne Véronique FLORIN-HUMANN le 21 juin 2023 en l’épinglant, cette fois-là, au grade de chevalier dans l’ordre national du mérite, lors d’une cérémonie intimiste où la donzelle avait réservé pour l’occasion (sans doute par l'entremise de quelques frangins influents ?) rien de moins que les salons privés de l'Opéra de Toulon.
Oui, mais alors ?
Encore un instant, attendez s'il vous plait, que nous ayons un peu plus rembobiné...
Avec quelques recherches, chacun peut facilement se rendre compte que nos deux lascars sont également amis sur Facebook, ce qui en soi n’engage à rien, vous en conviendrez bien.
Jusqu’à ce qu’on s’intéresse d'un peu plus près à un commentaire en particulier, datant d'il y a quelques années…
Et même si nous n'étions évidemment pas là pour en témoigner, voilà comment, pour cette scène, le décor pourrait être planté :
Ce jour-là, entre deux réunions soporifiques avec son équipe municipale et la visite d’une nouvelle maison de retraite, notre Cyrano local avait ressenti le besoin de rentrer chez lui, se détendre un peu. Assis à son bureau, face à son PC, une verre de Chivas à la main, il faisait tranquillement défiler sur Facebook son fil d’actualité, comme on farfouille dans son frigo, à la recherche d'un petit en-cas.
C’est là qu’il tomba sur la photo de profil de la belle Véronique, sa tendre amie perdue de vue (bien avant d'être placée en garde à vue).
Ni une, ni deux, avec la finesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, « Ji-Pé la classe » lika sa photo ; ne pouvant s’empêcher d’adresser un compliment de son cru à la jouvencelle de vingt ans sa cadette.
Pas mal !
En deux mots, deux syllabes et 6 lettres seulement, il retomba en un seul clic dans ses travers habituels : la drague lourdingue, qui sent bon la sueur et l’eau de Cologne bon marché.
Tu parles d’une gaffe ! Le qu'en-dira-t-on hyérois, toujours à l’affût du moindre de ses faux pas, s’empressa de se gargariser sur ses pulsions libidineuses, frisant la sénilité : « Notre édile de 77 ans serait-il en train de se BIDENiser ? ».
Et ce dernier de se défendre : « je voulais juste complimenter une belle photo ».
Mais les internautes hyérois, un sourire en coin, n’ont pas été dupes de notre Casanova d'opérette, ni cette fois-ci, ni lors de son précédent selfie. « On sait bien, Jean-Pierre, on sait », répétèrent-ils tous en chœur, avec un clin d’œil amusé.
Tyran sur l'ambulance, les plus critiques d'entre eux s'en donnèrent évidemment à cœur joie : « s’il ne s’agissait pas du premier magistrat de la commune, on croirait presque entendre un poivrot avachi à la terrasse d'un café, apostrophant grassement une passante affriolante, entre deux rots de bière ».
Et du côté de ses soutiens, difficile également d'admettre que leur éminent docteur JEKYLL premier magistrat, ancien député, professeur agrégé, doyen de faculté, puisse ainsi se transformer en Mister HYDE à la moindre tentation adultère sur les réseaux sociaux.
Quant à nous, nous aurions préféré qu’il s’improvise Cyrano,
Plutôt que de passer publiquement pour un gros lourdaud.
Et que cet orateur hors pair profite de son aisance,
Pour au moins draguer avec une certaine élégance…
Bien qu’ils se soient bien connus naguère,
Avant même qu’enfin, il ne soit élu à Hyères.
Il y a plus de quinze ans de cela,
Lui Député, elle directrice d'AXA,
Si notre érudit avait voulu remettre le couvert,
N’aurait-il pas pu plutôt le faire en vers ?
En variant le ton, par exemple tenez :
Truculent
Votre beauté, ma mie, a requinqué ma libido,
Au point d’en avoir fendu mon lavabo.
Flatteur
Vous êtes sans nul doute une maîtresse femme,
A qui j'ose enfin aujourd'hui déclarer ma flamme.
Vos méthodes, Madame, imposent mon respect,
Et Dieu sait, que j'ai,
Moi aussi, quelque talent pour harceler.
Votre main de fer dans un gant de velours
M'excite et augure pour nous de grands jours.
De notre union, naîtront bientôt de superbes enfants,
Qui deviendront à leur tour de merveilleux tyrans.
Descriptif
C’est un pic ? C’est un roc ? C'est un paf ?
Que dis-je c’est un paf ? C’est une péni(n)sule !
Professoral
Confiez moi votre main si douce et agréable,
Que vous puissiez par vous même constater sous la table,
Qu'en conseil municipal, à chacun de mes mensonges,
Ce n'est jamais point mon nez qui s'allonge.
Ornithologique
La joie de vous revoir, je ne puis vous cacher,
Sans offrir au Gabian perchoir pour se poser.
Cavalier
Je viens de vous décorer Chevalière,
Vous, belle jument à la croupe altière.
Et j'espère, jolie pouliche, en retour caresser
L'espoir de pouvoir à nouveau vous monter.
Sans vous brider le mors, ni vous cravacher.
Vous laissant tout loisir de librement galoper.
Car avec vous le trot, c'est comme le pas assez.
Plaintif
Aïe. Il faut la remuer car elle s'engourdit.
Ce que c'est de la laisser inoccupée. Aïe
(Cyrano - Acte I scène IV).
Pharmaceutique
De reprendre mon souffle, de Grâce permettez,
Le temps que ma pilule bleue fasse son petit effet.
Libéré, délivré
Du faucon transalpin, me voilà émancipé,
Moi, le nouveau Seigneur et lui le Disgracié.
A la Métropole, où on m'a élu président,
Je peux moi même constater à présent
Que, malgré mon physique, ma nouvelle noblesse,
Est pour moi synonyme d'aspirateur à gonzesses.
Colérique
Ah, tu vois, tu m’as tourné en bourrique là, hein !
(Le clan du Saint-Cyrien : partie 1)
Cycliste
Vous agissez sur moi tel de l’EPO,
Irriguant tout mon corps plutôt que mon cerveau.
Pragmatique
Bon, maintenant il vaut passer de la virtualité à la réalité…
(Le clan du Saint-Cyrien : partie 1)
Mielleux
Ma belle abeille, à chaque fois,
Que, penchée pour fouiller, je vous vois,
Le désir de vous butiner monte aussitôt en moi.
Apaisé
Vous courtiser, ma douce Véronique,
Me divertit de mes ennuis à la base nautique.
Grâce à vous, j'attends désormais sereinement la CRC.
Leur prouvant ainsi que la cour, c'est bien moi qui la fait.
Cinéphile
En attendant ma mie d’être parfaitement dans le noir,
Commencez par assouplir vos ravissantes mâchoires.
(ensuite) Prévenant
S’il vous plaît, prenez ce mouchoir,
Pour vite essuyer ce qu'on ne saurait voir.
Prometteur
Avec moi, soyez assurée ma jolie petite puce,
Ce sera tous les jours les montagnes russes.
Vous offrant mille baisers ou n'en donnant aucun,
Montagnes de bijoux ou juste trois fois rien,
Océans d'amour ou de tous petits bains.
Connecté
Grâce à Tinder, en une simple touche,
À la fin de l'envoi, je couche.
Stupéfiant
Vous êtes ma drogue, ma cocaïne,
ma marie-jeanne, mon héroïne,
Et loin de vous, pour ma dose, me voilà hélas obligé,
De recourir aux services de mes narco-employés.
Entreprenant
Si mes mots d'amour ne percent la pierre de votre cœur,
Je sortirais alors mon gros marteau-piqueur.
Acrobatique
Votre souplesse, belle damoiselle,
Est digne d’un casting de Jacquie et Michel.
Cajoleur
J’ai envie de te prendre un peu. Tu vois comment…
Te prendre, dans mes bras.
(Le clan du Saint-Cyrien : partie 1)
Gargantuesque
Mon appétit de vous n'est point rassasié,
Mais il n'y a aucune raison de vous en inquiéter.
Car jamais au grand jamais, je ne mords,
À moins, bien sûr, que vous ne le criiez fort.
Oriental
Dans mon harem, où mon fidèle eunuque s'emploie,
Je vous réserverai une place de choix.
Sauf si, évidemment, vous ne préférez,
Qu'il vous conduise dans ma garçonnière au plan B ?
Grivois
Votre généreux corsage vient de m'inspirer,
En votre honneur, cette tirade des nénés.
Insistant
Moi, j’ai envie de te faire l’amour, oh !
Non, non mais putain, j’ai envie, Merde !
Bon, fais-moi plaisir, fais-moi plaisir !
(Le clan du Saint-Cyrien : partie 1)
Garagiste
Votre carrosserie galbée et votre superbe mécanique,
Me donnent l'envie furieuse de vous monter sur cric.
Prévenant
Même si j'ai effectivement comme bon ami Lelièvre,
Je prendrai tout mon temps pour baiser de mes lèvres,
Votre corps souple et soyeux jusqu'au petit matin,
Sans m 'éclipser, ni vous faire le coup du Lapin.
International
En amour, je sais être cosmopolite,
Redoublant d'inventions lors de chaque coït.
Vous invitant à la bagatelle en bon français que je suis,
Puis alternant soirées Bunga-Bunga façon Berlusconi.
Gastro-entérologique
Ma passion pour vous est comme la colique,
J'ai parfois grand mal à la retenir, Véronique.
Combatif
Du temps de ma splendeur, on me surnommait l'Ange blanc,
De tous les combattants, j'étais sans conteste le plus grand.
Depuis, l'âge aidant, j'ai délaissé les rings pour les matelas,
Où j’exerce toujours, vous le savez, ma double clé de bras.
Acceptez d'être ma disciple et moi votre mentor,
Et je vous apprendrai l'art subtil du corps à corps.
Direct
Les gens m’appellent Jean-Pierre.
Mais vous, vous pouvez m'appeler ce soir.
Juvénile
Vous êtes ma fontaine de jouvence, et notre parfaite osmose,
Repousse un peu plus chaque jour la fatale andropause.
Baroudeur
Je ferais le tour du Monde pour vous, ma Divine,
Arrivant même à pied par la Chine.
Anatomique
Mon appendice est aussi renommé que celui du péri-gourdin,
Bien que ce soit plus bas que s'implante le mien.
Le mot de la fin, nous tenions évidemment à le laisser à Edmond Rostand lui-même :
« Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous auriez dit,
Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit.
Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres
Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot ! »