Tramway : La CGT vole dans les plumes de la Métropole

Qu’un syndicat s’oppose au patronat, c’est monnaie courante, mais qu’il vole dans les plumes d’un projet de tramway intercommunal, c’est déjà beaucoup plus singulier…

C’est pourtant bien ce qui se tram-e actuellement à la Seyne-sur-mer où un bras de fer oppose la CGT à la Métropole, non pas dans un énième conflit social mais plutôt dans un conflit…. de canards.

Et l’élément déclencheur de tout ce ramdam autour du tram semble bien être un banal journal, flottant à la surface d’une mare, en l’occurrence celle de Donald, de Daffy et de leurs congénères palmipèdes.

Jusque-là, nos canards avaient en effet la belle vie ; vivant peinards au bord de leur mare ; leur quiétude seulement troublée par les quelques trains passant dans le coin (coin), du côté de la gare SNCF de la Seyne sur mer, située à un battement d'aile de là.

Mais, lorsqu’il tomba sur la première page détrempée du canard local, Donald cru tout d’abord qu’il s’était trumpé et il dut reprendre à plusieurs fois sa lecture tellement il en avait le sifflet coupé.

Enterré en 2008 par un Hubert FALCO visionnaire qui prophétisait à l'époque que « le tramway, c’est dépassé », le projet reviendrait-il dans l’actualité, à en croire le journal Var Matin ?

A l’annonce de l’ouverture de la nouvelle enquête publique sur le Pole d’Échanges Multimodal de la Seyne-sur-mer, prévue au premier trimestre 2025, l’élue d’opposition Cécile MUSCHOTTI est en effet montée une nouvelle fois au créneau lors du dernier conseil métropolitain en demandant de « rouvrir un débat sur le tramway ».


Var-Matin du 13 septembre 2024

Un débat sans doute nécessaire puisqu’en préférant à l’époque le Bus à Haut Niveau de Service (super bus bi-articulé de 24 mètres de long) au tram (en parfaite violation des décisions précédemment votées Ndlr) Hubert FALCO faisait le choix inverse de quasiment toutes les autres métropoles de même taille que Toulon (Montpellier, Grenoble, Strasbourg,…).


Var-Matin du 27 octobre 2008

Les défenseurs du tram eurent beau arguer que ce Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) ne pourrait accueillir que 120 passagers (contre 320 par tram) et qu’il était également beaucoup trop large, laissant augurer de belles pagailles dans le centre-ville toulonnais, FALCO n’en fit pourtant qu’à sa tête, entrainant avec lui tous les moutons de Panurge de sa majorité métropolitaine qui trouvaient forcément eux aussi l’idée d’un BHNS très bêêêêle…

Inutile de vous dire que l’intervention dans la presse locale de la conseillère municipale toulonnaise est restée en travers du bec de nos palmipèdes car, si ce projet de tram venait à être remis sur les rails, cela sonnerait forcément pour eux le glas de leurs barbotages en toute sérénité. En quelque sorte le chant du cygne de leur oisiveté...

Alors, tout comme il l’avait déjà fait 5 ans plus tôt, leur leader Donald s’apprête à ressortir banderoles, pancartes et barricades et mobilise dès à présent ses troupes afin de défendre bec et ongles l’appeau de leur belle mare ; irrémédiablement condamnée à moins qu’ils ne réussissent à mettre une nouvelle fois du plomb dans l’aile au projet.

En toute hâte, Donald convoque alors le conseil d’administration de leur association mise jusque là en sommeil. « Cela fait des années que nous pataugeons ici, libre comme l’air, et voilà qu’on veut nous chasser ? » peste Daffy, un canard au sang (slurp) chaud que la situation avait rapidement fini par gaver. Un vent de révolte se mit alors à souffler dans l’assistance jusque-là quelque peu déconfite : « Oui, faudrait pas nous prendre pour des pigeons, tout de même… On ne bougera pas d'une plume !!! ».

Et, c'est donc sans grande surprise que la décision fut prise de remettre à flot leur association, les Canards en Guerre contre le Tramway (CGT), à la quasi-unanimité des membres présents, magret un vieux palmipède claudiquant qui, fidèle à ses habitudes, vota à l’inverse de ses pairs. Un canard boiteux en quelque sorte…

Devant un tel plébiscite, Donald se sentit pousser des ailes même si, en son for intérieur, ce leader syndical improvisé savait pertinemment que c’était justement grâce au projet de tram que leur havre de paix avait été créé…

Dès 2014, la Métropole avait en effet engagé des travaux sur cette zone destinée de longue date à accueillir le futur Pôle d’Echanges Multimodal (PEM) de la Seyne-sur-mer ; permettant à terme l’interconnexion des différents moyens de transport (tram, bus, train) dans le but de faciliter les déplacements des voyageurs métropolitains.

Peut-être pressé de créer une nouvelle « Avenue 83 » à proximité de l'autoroute A50, derrière l'hypermarché Carrefour (c’est en tout cas ce que redoutait Cécile MUSCHOTTI dans l’édition du 13 mars 2020 du journal Var Matin), Hubert FALCO a, semble-t-il, mis la charrue avant les bœufs ; ne jugeant pas utile d’attendre les conclusions de l'enquête environnementale avant d’engager les travaux.


Var-Matin du 10 mars 2020

Et bien mal lui en a pris car, contre toute attente, FALCO se retrouva pour une fois le bec dans l’eau puisque non seulement la Préfecture annula en 2019 la procédure d'enquête publique du PEM, mais le tribunal administratif de Toulon enfonça le clou en condamnant le 22 avril 2022 la Métropole, suite au recours de riverains menacés d’expropriation, soutenus par des associations de défense de l’environnement (FNE83) et d'usagers des transports en commun (Var Toulon Déplacement).

Ce que reprochaient exactement les requérants au projet de PEM ? Hormis évidemment le fait d’avoir commencé les travaux avant la fin de l’enquête publique (ce qui prouve au passage toute l’importance que peuvent accorder nos chers élus à ce type de consultation citoyenne), c’est sans doute l’« oubli » dans l’inventaire « faune-flore » d’espèces végétales protégées (notamment plus de 300 spécimens d'alpistes aquatiques Ndlr) sur ces terrains agricoles qui a mis le feu aux poudres, ainsi que tous les dangereux raccourcis pris dans l’étude environnementale avec le risque « inondation ».

Parmi les travaux qui furent lancés trop tôt, il y eut justement ce pont, construit près de la gare SNCF de la Seyne-sur-mer, destiné à l’origine à faire passer trams, camions et voitures sous la voie de chemin de fer.

Un pont fantôme en quelque sorte puisque, suite au jugement, il ne fut jamais raccordé au réseau routier , et où la nature reprit alors bien vite ses droits ; les eaux de pluie transformant bientôt les lieux en une superbe pataugeoire, à la plus grande joie de Donald, Daffy et tous leurs amis migrateurs.


Le pont fantôme


La pataugeoire des palmipèdes...

C'est sans doute un mal pour un bien car si l'ouvrage avait été mis en service, cela aurait forcément discrédité les services techniques de la Métropole puisqu’on se serait alors bien vite rendu compte que la pente pour passer sous le pont n'avait pas été correctement calculée… Trop raide selon les experts pour permettre aux BHNS sous-motorisés de la remonter...

Tous ces couacs firent évidemment la part belle à nos canards qui conservèrent ainsi leur petit paradis sur mer tout en servant à la fois les intérêts d’un autre de leurs congénères, leur oncle Picsou en l’occurrence, trésorier en chef à TPM, qui augmentait ainsi substantiellement son bas de laine, un tas d’or(ne) qu’il couve précieusement…

Car, depuis 2002, les entreprises métropolitaines mettent la main à la poche en participant au financement du tram par l’intermédiaire du versement « mobilité » (anciennement appelé versement « transport »).

Un joli magot dont Hubert FALCO, lorsqu’il a sifflé le terminus du tram en 2006, s’est bien gardé de redescendre le taux de prélèvement ; celui-ci restant en effet à 1,75 % alors qu’il aurait pourtant dû redescendre à 1%, comme l’exigeait apparemment le code général des collectivités territoriales (article L2333-67).

A raison de 20 millions d’euros par an, le pactole ainsi barboté pour le projet avorté s’élève donc actuellement à 450 millions d’euros…

Dans ce dossier, on comprend évidemment l’intérêt du centre commercial Carrefour de céder pour l’euro symbolique à la Métropole un terrain destiné aux futurs bassins de rétention du Pôle d’Échanges Multimodal, leur ouvrant probablement ainsi la perspective d’une extension de leurs locaux, on comprend également celui des promoteurs qui, une fois les expropriations réalisées, pourront bénéficier d’un accès routier permettant de viabiliser ces terrains agricoles situés à quelques encablures seulement du nouveau pourvoyeur d’emplois métropolitain, le pôle « mer » de Naval Groups. Et on comprend ainsi beaucoup mieux tous les raccourcis pris avec l’étude environnementale, la hâte de boucler l'enquête publique et le forcing de nos élus sur ce dossier…

Ne rêvons pas, la route passant sous la voie de chemin de fer reviendra bientôt d’actualité selon le sacro-saint principe de l’intérêt général et à grands renforts de déclarations d'utilité publique pour créer un nouveau carrefour routier entre Ollioules et la Seyne-sur-mer.

Mais il faudra pour cela réussir auparavant à clouer le bec de nos valeureux canards qui ont bien l’intention de continuer à faire des ronds dans l’eau, dans leur mare si chère à leurs yeux et surtout à ceux des contribuables, puisque la gabegie de ce pont fantôme construit il y a près de 10 ans, leur aura coûté 11,8 millions d’euros…


Coût du pont fantôme de la Seyne-sur-mer
(les 2 lignes en M€ sont à additionner)

Comme quoi, ce n'est jamais ceux auxquels on pense qui, en définitive, se font plumer...




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