Anelka Vs Tigana

Même si vous n'êtes pas féru(e) de football, difficile de passer en ce moment à côté de la guerre médiatique que se livrent le Hyères Football Club et le Sporting Club de Toulon.

Quand Mourad BOUDJELLAL annonce l’arrivée imminente au HFC du bad boy du football français, Nicolas ANELKA, le SCT riposte quasi-instantanément en faisant signer Jean TIGANA, ancien joueur international et entraineur de clubs de football aussi prestigieux que l’Olympique Lyonnais ou l’A.S. Monaco.

L’enjeu à court terme de ce derby est évident : la montée en Nationale 1 (troisième division) d’une des deux équipes, dès l’an prochain.

Alors, après le recrutement de ces deux directeurs sportifs de renommée internationale, c’est une véritable course à l’armement que se livrent actuellement les deux clubs, avec un budget qui semble désormais presque illimité : Nouvelles infrastructures, nouveaux centres de formation, recrutement de joueurs professionnels (8 à 9 pour le seul HFC) et même un nouveau stade, excusez du peu, annoncé pour le club des palmiers.

Pourtant l’escalade de la rivalité entre ces deux clubs devrait inquiéter nos élus, déjà échaudés par les démêlés financiers et judiciaires du HTV Basket qui a laissé derrière lui une lourde ardoise (1,6 millions d’euros).
Au sein de la métropole MTPM, l’annonce du projet de construction d’un nouveau stade hyérois, rivalisant ainsi avec le stade toulonnais de Bon Rencontre (8200 places), aurait d’ailleurs dû mettre la puce à l’oreille de nos conseillers métropolitains, censés réaliser des économies d’échelle en mutualisant les moyens des différentes communes adhérentes (notamment les stades et leurs infrastructures) tout en surveillant le montant des subventions qui, cela va sans dire, augmenteront pour satisfaire les objectifs des deux clubs.
Mais il est fort probable que personne n’ira à l’encontre de cette décision car tous nos élus ont bien compris qu’il fallait, à l’instar des empereurs romains, donner du pain et des jeux (Panem et Circenses pour les latinistes) afin de s’attirer les faveurs du peuple

Alors, comme le rugby n’est plus aussi « bankable » qu’avant, vive le foot et que coule l’argent public  !!!

Pour l’instant, c’est bien évidemment l’euphorie générale et tous rêvent secrètement du retour à terme d’un club varois en ligue 1.
Mais, tout comme dans un mauvais remake du film « Highlander », les deux clubs savent pertinemment qu’il ne pourra en rester qu’un
Et c’est donc un véritable jeu de dupes qui se joue actuellement, où chacun sait que l'équipe qui ne montera pas la première en Nationale 1 verra ensuite ses espoirs, ses investisseurs et très certainement ses subventions fondre rapidement comme neige au soleil.

Avec les moyens et le réseau d’un investisseur tel que Mourad BOUDJELLAL, le HFC semble, sur le papier, le mieux placé pour accéder le premier à la Nationale 1 et devenir ainsi le club « phare » de la métropole.
Pourtant, il y a fort à parier que le futur du HFC sera toulonnais et deux indicateurs peuvent déjà nous le laisser augurer…
Tout d’abord, l’insistance actuelle de Jean-Pierre GIRAN dans le journal local pour que « le nom de la ville soit conservé car le HFC fait partie du patrimoine hyérois ».
Ensuite, les pourparlers officieux pour construire le futur stade du HFC à la Crau, à mi-chemin des deux villes. Comme pour le basket, où les matchs professionnels du HTV se déroulaient la plupart du temps au Palais des Sports de Toulon plutôt qu’à l’Espace 3000, les métropolitains n’auront bientôt plus besoin de se déplacer jusqu’à Hyères pour voir jouer leur équipe leader.

Dans la presse, aucune question ne semble étrangement vouloir être posée sur la viabilité de deux clubs professionnels au sein d’une même métropole, sur le coût de ces deux structures en concurrence, sur leurs futures masses salariales, etc.
Le journal local préfère plutôt nous raconter une belle histoire, une « storytelling » à la française où tous les défauts du nouveau directeur sportif sont désormais savamment gommés.

Oubliés en effet ses mots doux susurrés à l’oreille de Raymond DOMENECH, l'amour de Nicolas pour la gastronomie lyonnaise (notamment pour ses délicieuses quenelles), l’ancien joueur est désormais présenté comme le sauveur du club, même si ses talents de meneur d’hommes semblent pour l'instant se limiter à l’organisation d’une grève dans un bus sud-africain.


Le désormais célèbre bus de l'équipe de France,
lors de la coupe du Monde de 2010 
à Knysna

Au-delà de cette campagne de presse savamment orchestrée, on peut également s’interroger sur les réelles motivations de Mourad BOUDJELLAL, déjà évincé de l’Olympique de Marseille et du Sporting Club de Toulon.
N’aurait-il finalement jeté son dévolu sur le Hyères Football Club que pour prendre sa revanche et damer le pion au club toulonnais en reprenant les rênes de la future structure qui semble aujourd'hui se dessiner ?
Et ne risque-t-on pas d’assister, comme le redoutent certains supporters du HFC, à une « mercenarisation » du club, comme Mourad BOUDJELLAL l’a déjà fait en son temps avec le Rugby Club Toulonnais ?

Pas besoin non plus d'être d’une grande clairvoyance pour comprendre que l’avenir du HFC ne s’est probablement pas joué à Hyères.

Tout d’abord parce qu’il ne faut pas compter sur les relations entre Jean-Pierre GIRAN et Mourad BOUDJELLAL pour expliquer ce soudain rapprochement.
Il n’est effectivement un secret pour personne que les deux hommes ne s’apprécient pas, c'est le moins que l'on puisse dire...
Le malaise, selon leur propre entourage, était d’ailleurs presque palpable lors de la signature du contrat et il n’y a qu’à voir la vidéo sur la page Facebook du HFC pour finir de s’en convaincre.
Et ce n’est pas le petit tacle de Mourad BOUDJELLAL à Jean-Pierre GIRAN qui aura arrangé la situation ; le premier ayant conservé dans l’équipe dirigeante l’ancien président du HFC (Jean-Pierre BLASCO) dont le second se voyait probablement déjà débarrassé.
Mais, au-delà de cette inimitié, c'est très certainement l'ingérence toulonnaise que le maire d’Hyères voit du plus mauvais œil; étant bien conscient que, derrière Mourad BOUDJELLAL, c’est toujours Hubert FALCO qui tire les ficelles.

Le maire de Toulon, qui n’est pas parvenu, lui non plus, à écarter à Toulon l'actuel président du SCT (Claude JOYE), a sans doute envoyé Mourad BOUDJELLAL en éclaireur, pour couper l’herbe sous le pied du Sporting Club Toulonnais et préparer le club omnisports de demain.

Et on comprend alors beaucoup mieux le choix de Jean TIGANA au Sporting Club de Toulon, qui n’est évidemment pas innocent et annonce sans doute à lui seul le premier acte d’une guerre fratricide.
Faut-il en effet rappeler qu’en 2012, Nicolas ANELKA jouait au club de Shangaï sous les ordres d’un certain Jean TIGANA. Et qu’après seulement quatre mois de collaboration, l’entraîneur et son staff ont été démis de leurs fonctions et remplacés par….. ANELKA et ses proches. Le Figaro ira d'ailleurs même jusqu’à affirmer que c’est Nicolas ANELKA en personne qui est à l’origine du limogeage de Jean TIGANA le 25 juin 2012.

Recruté à dessein par Claude JOYE à Toulon, sans doute pour en découdre avec Nicolas ANELKA et empêcher le déclin savamment orchestré du SCT, la deuxième mi-temps du match opposant TIGANA à ANELKA aura donc visiblement lieu sur les terrains de la métropole toulonnaise.

En espérant que ce ne soit pas le contribuable métropolitain qui arbitre cette fois-ci ce match qui s’annonce déjà fort coûteux

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