L'Opération Grand Cirque
Non, vous ne louchez pas : Ce sont bien deux antennes de téléphonie mobile, presque jumelles, qui ont été installées à la Bergerie, face à l'étang des Pesquiers.
Evidemment, rien n’arrête le progrès et ces nouvelles antennes permettront probablement de couvrir le besoin croissant des habitants et des touristes en internet mobile.
Mais, sans être rétrogrades, on peut malgré tout s’interroger sur l'absence de concertation entre les deux opérateurs, Bouygues Télécom et Orange, censés mutualiser les infrastructures de téléphonie mobile (notamment les pylones), comme le réclame l’Autorité de Régulation des Télécommunications…
Les pylônes ne sont même pas peints, alors que des trésors d'ingéniosité sont pourtant déployés à travers le monde pour essayer de dissimuler les antennes ou, tout au moins, d’en réduire l’impact visuel.
Mais le plus surprenant dans cette histoire est que ces antennes jumelles aient pu être installées aussi facilement au cœur du triple périmètre de l'Opération Grand Site, du Parc National de Port-Cros et d’une zone Natura 2000.
Alors, à quoi bon s’échiner à rédiger une volumineuse charte de 208 pages pour l’Opération Grand Site de la presqu’ile de Giens et des Salins des Pesquiers, si c'est pour finalement fermer les yeux sur de telles installations dans ce périmètre remarquable ?
Au
regard du nombre d'agressions subies ces dernières années par la presqu’île de
Giens, on peut effectivement s'interroger sur l'utilité de cette OGS :
Constructions au Carbet en pleine zone Natura 2000 (17 pavillons de luxe
commercialisés au cours de l’été 2019 par l'agence hyéroise Canat & Warton
avant même que le permis n'ait été déposé), construction de la piscine de
l’hôtel Belambra Giens Riviera à quelques mètres du rivage, marché aux puces de Magic World
dont le remblai régulier empiète peu à peu sur le marais Redon, absence de
projet de dépollution de l'ancienne décharge publique (le mont
"Poubelle" comme certains l’appellent), multiplication des dépôts
sauvages de gravats et, dans le même temps, des villas d'architectes, etc.
Sauf, bien sur, quand il s’agit de mettre en place un Partenariat Public-Privé sur le domaine public du hameau des Pesquiers pour le projet d’hôtel de luxe du restaurateur toulonnais, Stéphane LELIEVRE.
Là,
l’OGS trouve toute son utilité : tout y est en effet parfaitement
programmé et détaillé, afin de légitimer le transfert au privé d’un bien patrimonial,
pour une durée de 70 ans.
La
charte sera ici très scrupuleusement respectée, faisons confiance
pour cela à nos élus !!!
Il
n’y a qu’à voir pour s'en convaincre l’insistance du maire, dans son avant-propos sur l’OGS, à justifier la nécessité de cette opération : « la réhabilitation du
Hameau des Pesquiers dont les bâtiments portent l’histoire des Salins d’Hyères
dans le cadre d’une opération public-privé, totalement fidèle aux contraintes
et au passé de ce site emblématique ».
On
aurait peut-être préféré qu’il nous explique d’avantage les conditions d’attribution
de ce bail emphythéotique..
Y
aura-t-il par exemple d’autres candidats que le restaurateur toulonnais qui, il
y a quelques années, n’hésitait pas à déclarer dans le journal Var Matin « j’ai
un projet pour les Pesquiers », comme s’il était déjà propriétaire des
lieux ?
L’écolodge de Stéphane LELIEVRE, c’est le parfait exemple de ce que la charte de l’OGS appelle pudiquement la « requalification urbaine, architecturale et paysagère en accord avec l’esprit du lieu ».
Finalement, ne serait-ce pas tout simplement pour être également en accord avec « l’esprit » du double tombolo qu’on y construit désormais des doubles antennes ?