Rambaud en guerre aux Maurels
Cela aurait dû être une banale soirée de collage d’affiches, ce dimanche 20 mars à 21 heures, pour Stéphane RAMBAUD et ses deux lieutenants du Rassemblement National, dans le quartier des Maurels à Hyères.
Une soirée comme tant d’autres, dans le cadre de l’élection présidentielle, à recoller invariablement jusqu’au bout de la nuit, les affiches de leur candidate sur celles de ses adversaires, dans cette guerre des nerfs que se livrent les partis politiques en de telles occasions.
La guerre, ce vétéran de la police nationale y était pourtant parfaitement préparé et ce soir-là cet ancien commissaire de police de 62 ans reprenait du service, le biceps saillant, la poitrine bombée, envoyé en mission spéciale dans ce quartier sensible hyérois.
Mais les choses ne se sont pas déroulées exactement comme prévu et Stéphane Rambaud, ainsi que les deux autres militants du parti de Marine Le Pen respectivement âgés de 50 et 77 ans, se sont fait prendre en tenaille comme on dit dans le jargon des forces spéciales, devant un panneau d’affichage des Maurels, par l’ennemi aux aguets, sournoisement tapi dans la pénombre.
Ce fut alors un véritable voyage au bout de l’enfer pour le commando frontiste, combattant au corps à corps à un contre deux, jusqu'à ce que les tirs nourris de cailloux de l'ennemi ne fassent exploser les vitres de leur véhicule.
RAUMBAUD prit alors la sage décision d’opérer un repli stratégique vers le commissariat, parvenant à ramener sains et saufs ses deux coéquipiers au bercail, sans aucune perte humaine à déplorer.
Rapidement, le quartier fut quadrillé par les forces de police où les attendait une quinzaine d'individus patibulaires (mais presque) qui avaient commencé à ériger des barricades de fortune et mis le feu à un conteneur poubelles.
Grâce au renfort de 4 équipages de la Brigade Sécurisée de Terrain, venus de Toulon soutenir les deux véhicules de patrouille de la police nationale et celui de la police municipale déjà sur place, l'ordre public fut finalement rétabli vers 22h30 après qu'un des cinq agresseurs présumés ait pu être interpellé.
Le lendemain, Var-Matin se fit l’écho de la « mésaventure » des colleurs d’affiche du RN, l’inscrivant sciemment dans le contexte d’une campagne présidentielle où les agressions verbales et physiques se sont multipliées à travers toute la France.
Mais, si vous nous lisez régulièrement, vous savez bien que les choses ne sont souvent pas ce qu’elles semblent être, et l’agression violente subie par ces 3 militants d’extrême droite n’y fait bien évidemment pas exception, au regard des informations que nous avons pu recueillir sur place.
Revenons pour cela quelques jours plus tôt, le 12 mars plus exactement, lorsque des inscriptions furent taguées sur le panneau d’affichage électoral, menaçant « tout ce qui seront vu entrain de coller LEPEN ou ZEMMOUR repartiron avec des sequelle grave » ; les premières séquelles étant évidemment ophtalmiques pour tous les amoureux de la langue française.
Alerté de ces inscriptions par une élue de l’opposition, le maire prit alors la décision surprenante de déplacer le panneau d’affichage, plutôt que d'augmenter les patrouilles de police dans le quartier , ce qui aurait semblé plus logique dans un tel contexte.
Il faut sans doute y voir l’aveu à demi-mots que le problème ici n'était pas le rejet des partis d’extrême droite par les habitants des Maurels (qui ne s’est d’ailleurs pas traduit dans les urnes quelques jours plus tard puisque Marine Le PEN a récolté 51,09 % et 53,91% des suffrages sur les 2 bureaux de vote de l’école Henri Matisse NDLR) mais bien l’emplacement en lui-même du panneau d’affichage.
Car les habitants de ce quartier (et tous les toxicomanes de l'agglomération) savent pertinemment que ce panneau n'est situé qu'à quelques mètres seulement d’un des principaux points de deal hyérois.
à gauche sur la photo
Dérangés dans leur petit « commerce », les revendeurs locaux, d’habitude tranquillement installés à partir de midi sur des chaises en plastique en attendant le chaland, s’en sont donc pris ce soir-là aux colleurs d’affiche du RN qui perturbaient quelque peu leur trafic bien organisé.
La raison première de l’agression est bien là et tout le reste n’est qu’enfumage et poudre (aux yeux).
Mais ce n’est malheureusement pas un cas isolé et ces points de vente hyérois sont non seulement présents dans toute notre commune mais également parfaitement connus ; ce commerce parallèle s’opérant de manière décomplexée, au vu et au su de tous.
A tel point que nous avions même, un temps, envisagé d’éditer un guide local des principaux points de deal hyérois, un peu à la manière d’un guide Michelin, où les fameuses étoiles de la notation auraient été remplacées par des feuilles de cannabis pour évaluer les meilleurs spots communaux de vente de weed, de cocaïne et autres produits psychotropes.
Par exemple, aujourd’hui dans un autre quartier de Hyères, aux Bosquets plus précisément, la situation a tellement dégénéré que SOS Médecins ne veut même plus entrer dans la cité ; les « grands frères » confortablement installés dans des canapés de salon au pied des immeubles, contrôlent l’identité et le contenu des sacs des médecins et des infirmières qui pénètrent sur leur territoire tandis qu’en périphérie les ados de 12, 13 ans tout au plus, font le gué pour 80 € la demi-journée, donnant l’alerte en criant leur désormais tristement célèbre « arah » (signal d’alerte qui, en arabe, signifie « attention »).
Peine perdue que de les obliger ensuite à fréquenter le collège quand ils gagnent ici en quelques heures le même salaire que leurs professeurs…
Pour l'anecdote, lors de son déplacement sur place, le journaliste de Var-Matin n'a même pas été « autorisé » pour son article à prendre de photos de l'intérieur de la cité...
Le Caïd ici, c’est Djamel, la petite cinquantaine, au statut officiel d’adulte handicapé suite à un accident de moto, il y a une vingtaine d’années. Depuis son plus jeune âge, il est dans le « business » jusqu’à être devenu, au fur et à mesure des années, une des figures incontournables du trafic hyérois.
Au palmarès de Djamel, 5 ans de prison dont 3 pour trafic de drogue et 2 pour port d'arme illégal.
Est-ce en raison de son pedigrée qu'on le voit assurer en 2020 avec ses lieutenants ce qui semblait bien être (en tout cas pour les observateurs présents dans la salle) le service d'ordre des meetings de Jean-Pierre GIRAN au Val des Rougières ; apportant probablement ainsi, dans l’esprit des habitants, sa caution morale au discours du candidat ?
En tout cas, depuis, dans le quartier, il est devenu en quelque sorte le bon samaritain qui veille sur la cité et empêche les charlatans d'y pénétrer en se faisant passer pour des médecins ou des infirmières. Celui sur qui on sait pouvoir compter lorsqu’on a besoin d’un petit service en mairie, ici l'ampoule d'un éclairage municipal à changer, là de l'aide pour remplir une formalité administrative.
Car Djamel ne s'en cache pas, ses rapports avec élus et responsables de services municipaux sont au beau fixe.
Échange de bon procédés et petits retours d’ascenseurs, les seuls visiblement qui fonctionnent encore correctement dans les cités HLM... Ne serait-ce finalement pas cela qu'on appelle en argot politicard « acheter la paix sociale » ?
Le comble dans cette histoire, c'est que parmi les quatre frères de Djamel embauchés en mairie, un est médiateur social ; le premier essayant de remettre dans le droit chemin les clients du second. Bel exemple de circuit court !!!
Dans l'article de Var Matin, le maire, questionné sur le refus de visite de « SOS Médecins » aux Bosquets, estime quant à lui que « le quartier est calme », probablement parce qu'il est tenu d'une main de fer par un de ses principaux soutiens locaux.
Pourtant, la majorité silencieuse de ce quartier sacrifié vit depuis longtemps déjà dans un climat de peur et d’insécurité jusqu'à ne plus pouvoir aujourd’hui appeler SOS Médecins en cas d’urgence.
De temps en temps, bien sûr on attrape du menu fretin comme par exemple l’agresseur des colleurs d’affiche du RN aux Maurels qui comparaîtra au Tribunal le 20 septembre prochain, mais invariablement les gros poissons passent toujours au travers des mailles de cet étrange filet.
Aux Maurels, six mois après l’agression, l’ancien commissaire est devenu Député de la 3ème circonscription du Var, plébiscité sans grande surprise dans presque tous les quartiers « sensibles » hyérois, les bleus des colleurs d’affiche de Rambaud ont viré au John (le prénom de Stallone dans le film NDLR), le panneau d’affichage électoral a bien été déplacé d'une centaine de mètres sur la même avenue mais le point de deal, lui, est resté au même endroit…