24 heures dans la nouvelle vie d'Hubert FALCO

Quatre mois après son jugement, nous retrouvons Hubert FALCO qui nous a invités, le 17 août dernier, à le suivre pendant une journée de sa nouvelle vie de citoyen ordinaire.


6h30 : sa journée commence comme souvent par un café au bar de la Marine, juste en face du palais de Justice de Toulon. Rasé de près, costume sombre et chemise blanche comme à son habitude, ce petit café matinal, c’est un moyen pour lui de ne pas rompre trop brutalement avec ses anciennes habitudes.

1 euro 50, c’est un des rares luxes que l’ancien édile se permet encore et qu’il sirote seul, attablé face à l’entrée du bar, en parcourant d’un œil expert les pages politiques du journal Var-Matin mis gracieusement à disposition de la clientèle. Parfois, son regard bleu acier s’égare ; se remémorant sans doute toutes les étapes de sa lente et surtout injuste descente aux enfers.

A quelques tables de là, son garde du corps et son chauffeur sont eux-aussi restés fidèles à leurs habitudes. Tant d’années passées ensemble ont tissé des liens forts qu’une simple décision de justice, aussi illogique soit-elle, ne saurait effacer aussi facilement. Nous nous éclipsons discrètement et laissons l’ancien élu perdu dans ses réflexions, sachant que nous aurons probablement l’occasion au cours de cette journée d’aborder avec lui la question de la rémunération de ses deux anciens employés.

10h : nous le retrouvons à Bazeilles, sac cabas à la main, en train de promener Fly, son cavalier king charles. Ici, sur le marché, on peut facilement se rendre compte que la côte de popularité d’Hubert FALCO est restée intacte auprès des toulonnais qui n’hésitent pas à venir lui témoigner tout leur soutien et leur espoir à peine masqué de le voir revenir très vite. Car pour les habitants, comme pour les élus, c’est une évidence : il est resté dans leurs cœurs le Maire de Toulon et le Président de la Métropole.

La seule chose qui change, c’est qu’il ne peut plus s’offrir les superbes fruits et légumes des maraichers de la place Bazeilles ou une belle et appétissante tranche de jambon chez son boucher charcutier préféré de la rue Lamalgue : des mets qui sont devenus, avec l’inflation, quasiment inabordables pour ses maigres revenus. Il se contente donc, comme il nous le confie pudiquement, de les regarder avec envie, l’œil humide et le ventre creux.

12h : constamment arrêté par les passants, le temps passe si rapidement à ses côtés qu’il est déjà midi. L'heure pour l’ancien maire de Toulon d’aller rejoindre son épouse, Nathalie, qui l’attend patiemment pour déjeuner.

Nous convenons de nous retrouver en fin d’après-midi, après un RDV pris, il s’en excuse, de longue date. Il nous explique qu’il doit en effet faire jouer le SAV du cuisiniste qui lui a récemment installé un frigo mais qui ne lui donne pas entière satisfaction. Globalement, il est effectivement assez content de l’intégration de cet électroménager qui n’était pourtant pas prévu à l’origine et auquel il a bien fallu trouver une petite place dans sa cuisine. Mais, dans le même temps, il regrette également que cet appareil ne lui propose pas les mêmes fonctions qu’au conseil général ; notamment la fonction « remplissage automatique » qui était pourtant si pratique et particulièrement économique. Comptons sur son bagou et sa sympathie légendaires pour réussir à obtenir satisfaction.

17h45 : nous le retrouvons comme convenu chez lui pour l’accompagner avec son épouse à Bormes les Mimosas où le président de la République remet la légion d’honneur, à son ami le maire François ARIZZI. Dans sa voiture (une Peugeot 508 bichonnée par son chauffeur), l’homme resté public par la force des choses nous avoue qu’au-delà du soutien à son ami décoré, c’est un moyen qu’il a trouvé pour mettre un peu d’hubert dans les épinards... Les buffets des cérémonies officielles sont en général copieux et lui permettent de ne pas manger le soir, voire même jeuner plusieurs jours comme le vieux crocodile de la politique qu’il est resté.

Cette idée lui est venue en se remémorant avec délectation les buffets pantagruéliques organisés par Marc GIRAUD, dans les salons feutrés du 5ème étage du conseil général. Il pourrait peut-être donc lui aussi continuer à profiter de toutes les denrées « qui finiront sinon aux ordures » (les poubelles Ndlr), salive Hubert, un large sourire aux lèvres. Alimentaire, mon cher Watson !!!

Certes il n’a plus de mandat électoral alors il se débrouille comme il peut, grâce à son carnet d’adresse heureusement toujours bien rempli, pour être invité aux cérémonies, discours et autres vernissages ; lui permettant ainsi de manger les 5 fruits et légumes par jour nécessaires pour se maintenir en bonne santé et être fin prêt, le moment venu, pour affronter les combats judiciaires qui l’attendent.

En quelques mois, Hubert est malheureusement devenu bien malgré lui une sorte de pique-assiette mondain qui use (mais sans jamais abuser) de son prestige passé pour se faux-filet jusqu'au buffet, serrant des pognes et décochant des sourires de circonstance pour faire oublier le vrai motif de sa venue ; parvenant tant bien que mal dans la foule à masquer les bruits de son ventre grondant d'impatience. Certains ont l’alcoolisme mondain, lui aurait plutôt la boulimie festive.

Dès qu'il entend parler d’un nouvel évènement, il dégaine son vieux costumé élimé par tous les pressings gratis, sa cravate quelque peu défraîchie et se rend sur les lieux de la sauterie avec toute l’assurance de sa démarche chaloupée, quand bien même il n'aurait pas été invité. Dans une de ses poches, des sacs de congélation pour emporter plus tard ce qu'il ne sera plus capable d'ingurgiter. Dans l'autre, un petit torchon blanc a désormais remplacé l’écharpe tricolore. Ce nouvel accessoire, il le posera si nécessaire en un instant sur son avant-bras pour se faire passer pour un serveur au cas où on ne le reconnaisse pas et qu’on lui demande son carton d’invitation.

Sa nouvelle vie, il se surprend finalement à l’apprécier car, au conseil général, il n'y avait pas de challenge, pas de suspense : ses plats étaient méthodiquement rangés dans son frigo personnel par le regretté Laurent DEFRAIZE et il lui suffisait de venir se servir quand bon lui semblait.


Le frigo de FALCO (image du journal BLAST)

Maintenant, il reprend peu à peu ses réflexes ancestraux d'oiseau de proie et, notre Faucon transalpin (Falco dans la langue de Dante Alighieri) nous l'avoue, il ressent même une certaine fierté à se nourrir à nouveau seul (ou presque) même si son régime alimentaire s'éloigne quelque peu de celui de sa longue lignée. En effet, pas de campagnols au menu mais plutôt champagne et petits fours à volonté. Car contrairement au gabian pour qui tout ce qui rentre fait ventre, notre drôle d'oiseau est un bec fin, voire même parfois peut être un peu aigrefin. Au pire, les mauvais jours, il devra se contenter de Champomy et de petites saucisses cocktail mais quand on est un repris de justice, difficile malgré tout de faire la fine gueule…

Pour les observateurs aguerris, la multiplication récente de ses apparitions publiques et la remise officielle de son rapport au chef de l’Etat sur la sécurité civile le 2 juin dernier, pourraient bien être le signal annonciateur de la fin de sa (brève) traversée du désert. Et la question est maintenant de savoir si, une fois blanchi, il continuera à observer son nouveau régime alimentaire ou s’il retombera dans ses anciennes addictions frigidaires ?

Quant à sa méthode infaillible pour se nourrir gratuitement, qu'il a mise au point et peaufinée en 52 ans de vie politique pour la pousser jusqu’au rang d’Art, il a encore pu l’éprouver lors du pot de départ du Préfet du Var, Évence RICHARD, le 28 juillet dernier. Ce jour-là, il a pu se rendre compte que, même s’il n’est plus élu, sa notoriété lui permet encore de donner le change et de profiter comme les autres des réjouissances ; dévorant les amuse-gueules aussi vite qu’un chat dévore une souris et emportant discrètement à la fin de la cérémonie dans son sac Hubert Eats les victuailles qu’il n’aurait pas eu le temps de gober tout rond.



Discours en Préfecture le 28 juillet
(tout est vrai sauf le cabas Hubert Eats)

Mais, afin ne pas passer pour un profiteur aux yeux de tous, notre ancien édile s’est fendu en échange d’un petit discours dans le salon d’honneur de la Préfecture du Var, devant le « who’s who » départemental, pour rendre hommage à son ami sur le départ, après trois ans de bons et loyaux services.

Nous ne pouvons nous empêcher de lui demander si sa présence et surtout son discours dans ce lieu emblématique de la République alors qu’il a été condamné dans le cadre de ses fonctions d’élu (3 ans d’emprisonnement avec sursis pour recel de détournement de fonds publics Ndlr) n’ont pas pu étonner voire même offusquer certains des invités présents.

Il semblait attendre cette question et nous répond, avec malice : « Pas plus qu’ils ne se sont étonnés ou offusqués quand j’ai continué pendant près de 20 ans à manger et profiter des avantages du conseil départemental alors que je n’y étais plus élu ». L’explication est limpide, fermez le ban.

18h45 : notre arrivée à Bormes les Mimosas marque la fin de ses confidences. Hubert prend aussitôt place avec son épouse Nathalie à la tribune officielle où une place de choix les attend, aux côtés de Christian ESTROSI et de Brigitte MACRON.

Mais, au bout de quelques minutes, il commence visiblement à piquer du nez...



Discours de François ARIZZI (17/08/2023)


Quelques instants de repos avant de piquer sur le buffet...

On peut facilement l’excuser car, comme pour tout rapace, son métabolisme est très élevé (ses pulsations cardiaques peuvent en effet monter jusqu’à 1000 battements par minute) et l’oblige à de nombreuses micro-siestes récupératrices tout au long de la journée.

En attendant que le buffet soit ouvert, il abaisse donc son métabolisme afin de consommer le moins possible, jusqu’à sombrer dans un état proche de la léthargie. Tout à l’heure, il sera à nouveau fin prêt pour plonger en piqué sur les petits fours, à près de 360 km/h.

20h15: une fois la commémoration de la libération de la ville terminée et la légion d'honneur epinglée, nous le perdons de vue quelques instants dans la foule mais, fort heureusement, pas besoin de traceur GPS pour le retrouver car il n’est évidemment jamais bien loin du buffet…

Pourtant, contre toute attente, ce soir-là, notre rapace préféré ne semble visiblement pas manger comme à son ordinaire. Serait-il malade, indisposé ? Pas du tout, nous rassure-t-il avec un clin d’œil, il est simplement invité à dîner et préfère donc se réserver pour l’occasion.

Et quelle occasion !!! Il est en effet invité au fort de Brégançon par le chef de l’Etat et son épouse, en compagnie du Ministre des Armées, Sébastien LECORNU, du Président de la Région PACA, Renaud MUSELIER, du maire de Nice et vice-président du parti Horizons, Christian ESTROSI, du conseiller du président, Thierry SOLERE, du maire de la Londe les Maures, François de CANSON ainsi que celui de Bormes les Mimosas, François ARIZZI. Le seul qui manque apparemment à l’appel, c’est le nouveau président de la Métropole visiblement toujours blacklisté par l’Élysée (lire ici notre article à ce sujet).

21h15 : nous laissons Hubert FALCO et son épouse partir pour le Château, avec un gros dossier sous le bras. Pourrait-il s’agir de sa future plaidoirie en appel ?

Rien n’est moins sur même si son avocat, Maitre Thierry FRADET, ne cache pas dans ce dossier son intention d’un « plaider-coupable » en appel. Ce qui serait d’ailleurs une grande première puisqu’il faut se rappeler qu'il avait plaidé « non coupable » en première instance...

Selon les spécialistes judiciaires, cette stratégie élaborée de main de (grand) maitre par son précieux conseil aurait pour but de permettre à l’ancien élu de récupérer tous ses mandats électoraux, à condition évidemment qu’il rembourse également tout ce qu’il doit à la collectivité (soit près de 200 000 €).

Mais nous n’en sommes pas encore là et il faut encore que les juges aillent eux aussi dans son sens si l’affaire, évidemment, n’est pas déjà entendue…

Pour l’heure, nous aimerions simplement être une petite souris pour assister à ce repas brégançonnais et pour savoir si Hubert FALCO, à la fin du repas, demandera à son hôte, Emmanuel MACRON, de lui préparer un doggy bag…




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