Frigo de FALCO : un témoin bien embarrassant...

A quelques semaines du procès FALCO en appel, les 25 et 26 mars prochains à Aix en Provence, flash-back sur un des principaux témoins de la défense, Marc GIRAUD, ancien Président du Département.

Souvenez-vous, cet ami de 30 ans qui n’hésitait pas à défendre l’ancien maire de Toulon dans les colonnes du Canard Enchaîné, en soutenant mordicus que ce dernier se nourrissait exclusivement d’un bol de riz et d’une tranche de jambon, le midi à la cantine du conseil départemental.

Évidemment, ce témoignage a pour but de minimiser le préjudice pour le contribuable varois mais, pour le ministère public, il ne sera pas bien difficile de démonter cet argument, tant ce témoin se révèle être à charge…

Cet amateur de bonne chère traîne en effet de sacrées casseroles au fur et à mesure de ses différents mandats électoraux, comme nous avons pu le vérifier en rouvrant les archives d'un blog carqueirannais bien connu, aujourd’hui en sommeil.

Il semblerait bien, au regard des factures que nous avons pu dénicher, que notre Gargantua du Canebas, lorsqu’il était encore premier magistrat de Carqueiranne, tapait lui aussi dans le frigo, coutumier de repas pantagruéliques aux frais de la princesse.

Jugez plutôt : Sur le port, au restaurant « le Clapotis », il laissera par exemple une ardoise de 1730 € (39 couverts) en mars 2003 et une de 2965,6 € le mois suivant (61 couverts), toutes payées rubis sur l’ongle par les services comptables de la commune.


Factures du « Clapotis » (mars et avril 2003)

En tenant compte de l'inflation, la facture cumulée sur ces deux mois seulement s’élèverait donc aujourd'hui à approximativement 6500 €.

A l’époque, contrairement au Frigo de FALCO, l’affaire du Clapotis, dont GIRAUD avait visiblement fait une de ses cantines, n’avait provoqué aucun tsunami, ni même fait la moindre vaguelette… Autre temps, autres mœurs ?

Sur les factures du Clapotis, les vins et les spiritueux étaient compris (ou offerts ?) tandis qu’à « l’Aventure », un autre restaurant carqueirannais où l’édile semblait également avoir ses habitudes, ils étaient bien facturés, comme par exemple lors de la bouillabaisse du 15 juillet 2003, facturée 2071,90 € pour 26 convives (environ 3000 € actuels, soit 115 € par tête de pipe). Ce jour-là, nos invités n’ont visiblement pas craché sur la dive bouteille puisqu’on dénombre sur l'addition pas moins de 17 bouteilles de vin de l’Aumérade (l’équivalent de 4 GIRAUDboams), 56 pastis, 7 whiskies et 5 apéritifs consommés sans modération.


Facture de la bouillabaisse (15 juillet 2003)

Ce qui ferait, d’après nos calculs, pour chacun des convives, plus d’1 gramme d’alcool par litre de sang, en partant du postulat que tous aient bu de la même façon, ce qui n’est pas forcément le cas vu le pédigrée de certains d'entre eux...

On espère seulement qu’ils n’aient pas pris la route dans cet état ou qu’il y ait eu des GIRAUD-phares à la sortie du restaurant, pour les en dissuader.

Que voulez-vous, c’est plus fort que lui, la nourriture pour Marc GIRAUD, ça touche au Sacré. A tel point que cet ancien soldat du feu (qui continue toujours de pompier, conscience professionnelle oblige) n’a jamais su dire non à une bonne bouillabaisse et encore moins à un aïoli appétissant; n’hésitant pas à clôturer à la hâte une assemblée plénière du conseil départemental (le 23 octobre 2015 plus précisément) pour aller se régaler, comme le relatait le regretté journal « Le Ravi ».


Extrait du journal « Le Ravi »

L’histoire ne nous dit pas si Hubert FALCO avait renoncé ce jour-là à son régime d’ascète pour se laisser tenter par cet aïoli pagnolesque.

Au regard de ces ripailles au montant astronomique, il parait peu probable que Marc GIRAUD ait jamais cru lui-même qu’on puisse réellement se sustenter d’une simple tranche de jambon et d’un bol de riz ; accréditant ainsi plutôt la thèse d'un témoignage de complaisance envers son vieil ami.

Malheureusement pour Hubert FALCO, à quelques semaines de son nouveau procès, la crédibilité d’un de ses principaux témoins est bien écornée aux yeux de la Justice par ses précédentes condamnations (en octobre 2022 à 2 ans de prison avec sursis et 5 ans d’inégibilité pour un emploi fictif à la mairie de Carqueiranne) et les différentes instructions en matière de délits immobiliers.

Et ce ne sont pas les factures d’hôtel pour le congrès des maires de France en 2003, sur lesquelles nous sommes tombés dans ces mêmes archives, qui vont contribuer à arranger les choses…

A l’occasion de cette grand-messe politicienne, le cabinet du maire avait en effet réservé 3 nuitées au « Sélect Hôtel » pour Marc GIRAUD et 3 de ses amis, en précisant bien que la facture serait à établir à l’ordre de la mairie de Carqueiranne et que le nom des participants ne devait pas y être précisé (petit détail qui, vous le verrez, prendra ensuite toute son importance).

Télécopie de réservation des chambres d'hôtel
(nous avons surligné la demande spécifique de la commune)

L’hôtel, sans doute peu coutumier des usages locaux, n’a pas respecté les préconisations du cabinet du maire et a établi une facture au nom des 4 participants, pour un total de 1865,10 € (soit environ 2593 € actuels).

1er relance de l'hôtel
au nom de Marc GIRAUD et de ses 3 invités
(à noter les 38,10 € de téléphone au nom de Gabriel BRIGAND)

Après plus de 3 mois d’échanges infructueux (notamment l'envoi de 5 ou 6 télécopies), et comprenant sans doute qu’il ne serait pas payé dans le cas contraire, l’hôtel a finalement consenti à établir des factures comme on le lui demandait, non pas au nom des 4 amis du maire qui y avaient réellement séjourné mais d’élus carqueirannais (notamment Robert MASSON, le successeur de Marc GIRAUD à la mairie) qui eux bénéficient effectivement de la possibilité de se faire rembourser leurs frais de représentation (déplacements, nourriture,...) mais qui n’ont semble-t-il jamais mis les pieds à cette occasion au Sélect Hôtel...

Le hic, c'est qu'en langage commun, on appelle ça des fausses factures...

Facture « corrigée » au nom de l'élu Robert MASSON

Facture « corrigée » au nom de l'élu Olivier CARLE


Mémo interne de la mairie expliquant
les déboires de facturation...

On peut facilement vérifier qu’il s’agit bien des mêmes chambres en comparant la première facture de relance de l'hôtel dont le montant des consommations téléphoniques (38,10 €) d'un des invités du maire, Gabriel BRIGAND (ça ne s'invente pas), est identique au centime près avec celle d'un des élus supposés présents.

Facture téléphonique « corrigée » au nom d'un
d'un des élus supposés présents

L’histoire ne nous dit pas si, en bons carqueirannais, les factures « corrigées » au nom des élus ont été établies à l'insu de leur plein gré ?


Quel casse-tête pour savoir qui était réellement présent
au congrès des maires de France 2003 !!!

Ces fausses factures d’hôtel tout comme ces généreuses additions de restaurant au frais de la princesse ne sont malheureusement que de simples exemples parmi tant d’autres d’un système bien ancré qui gangrène depuis des décennies notre démocratie locale, d’élus cumulards déconnectés de la réalité, de « bébés ARRECKX » qui ont pris la fâcheuse tendance de confondre la trésorerie collective avec leur propre bourse et pour qui tout semble normal vu qu’il sont confortés (voire même plébiscités) dans leurs pratiques frauduleuses à chaque nouvelle élection.

Depuis le départ, dans l’affaire du frigo de FALCO, on nous prend visiblement pour des jambons en nous laissant croire que le préjudice se limite à un bol de riz et une tranche de charcuterie…

Même si le montant détourné est estimé à (seulement) 300 000 € par le journal MEDIAPART sur la période 2015-2018 retenue par la Justice (délai de prescription oblige), n’oublions pas que l’ancien président a bénéficié des services « à la carte » du conseil départemental pendant près de 17 ans (de 2002 à 2018), ce qui représente non pas 300 000 € de préjudice pour le contribuable varois mais plutôt 1 275 000 €.

N’oublions pas non plus que Laurent DEFRAIZE, l’ancien cuisinier du conseil départemental au service particulier d’Hubert FALCO et de son épouse Nathalie, à l’origine des révélations du Canard Enchaîné, a fini par se suicider 1 an plus tard, victime de pressions, d’appels anonymes et de menaces de mort.


Laurent DEFRAIZE (1971-2020)
(photo MEDIAPART)

Enfin, n’oublions pas que ce n’est pas la première fois que cette institution se fait épingler pour ses « entorses » à la légalité puisque, dans son rapport sur la gestion du département du Var datant de 2016 (basé sur l’exercice 2009-2016), la chambre régionale des comptes pointait déjà du doigt des passe-droits et des logiques familiales prégnantes au sein du conseil départemental du Var.

Dans ce rapport (lire ici), on apprend que le fils FALCO, occupant le poste très convoité de directeur du patrimoine et des affaires immobilières, aurait bénéficié d'un CDI dont le Préfet lui-même considérait alors qu'il était entaché d’illégalité ; le fiston n'ayant visiblement pas les compétences requises pour l'exercer…

Ou bien encore, comme le révélait également le journal « Le Ravi », que Nathalie FALCO la femme du Saint-Hubert (grand amateur de beurres devant l'Éternel), est passée de simple secrétaire à directrice adjointe de l'association du personnel de la collectivité (ASSOVAR) avec pas moins de 6 passages de grades en dix ans. Sans parler des enfants de Nathalie, de sa propre sœur et de son beau-frère qui bénéficient eux aussi d’emplois « sur mesure » (la vie de château, diront certains…), toujours grâce à l’influence pesante de notre faucon transalpin (FALCO en italien Ndlr).

Dans cette affaire, les médias ont lard de tout faire passer pour du cochon mais c’est bien d’un système aux allures mafieuses dont il est ici question.

Le 26 mars prochain, Hubert FALCO récupérera sans doute ses mandats électoraux, comme cela se murmure déjà depuis plusieurs mois dans les influentes loges affairistes toulonnaises à moins que, dans son jambon, il ne tombe sur un os et que les magistrats ne le fassent définitivement chuter de son piédestal…


Pour Marc GIRAUD, en revanche, la messe est déjà dite et ses récents démêlés judiciaires ont prématurément mis fin à sa carrière politique, lui qui rêvait de Palais BOURBON (sans glaçons).





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