Quand les notables dépassent les Bormes...

Cela aurait dû être une soirée comme tant d’autres à Bormes les Mimosas, ce samedi 1er juin, peut-être un peu plus festive qu’à l’ordinaire puisqu’un feu d’artifices allait bientôt être tiré afin de clôturer cette 1ère journée de la 22ème édition de la manifestation « Sports en lumières ».

Afin qu’ils ne soient pas effrayés par les détonations, Manon (son prénom a été changé) avait décidé ce soir-là de sortir promener ses chiens un peu plus tôt.

Aux alentours de 20 heures, accompagnée d’un ami, ils prennent l‘avenue de la mer, en direction de la plage, lorsqu’ils aperçoivent un couple au niveau du dernier rond-point, l’homme assis sur le trottoir près d'une voiture, son vélo couché sur la chaussée.

Manon, prévenante, s’approche : « Tout va bien ? Vous voulez un coup de main ? ».

« Non, non, pas besoin » lui répond-on alors sèchement.

À son haleine et son teint écarlate, Manon comprend rapidement que l’homme en short qui est tombé de vélo est manifestement ivre mais, comme ses blessures lui semblent superficielles (quelques égratignures aux genoux) et qu’il est entouré de sa femme, elle n’insiste pas davantage et raccompagne son ami au parking du port, à quelques centaines de mètres de là.

Lorsqu’elle remonte quelques minutes plus tard, la situation a manifestement évolué, mais pas dans le sens auquel elle aurait pu logiquement s'attendre…

Ayant réussi à se relever, ce grand gaillard d’1m90 qui accuse largement plus du quintal sur la balance, est en effet en train de pousser violemment sa fluette femme qui s’accroche de son côté au guidon du vélo ; tentant tant bien que mal de l’empêcher de reprendre la route en état d'ébriété.

A l’avant du vélo, un panier dont notre lascar, saoul comme un polonais, jette le contenu au visage de son épouse dans une scène digne d'un vaudeville, avant finalement de se raviser et d’employer une méthode beaucoup plus expéditive... Sous les yeux de Manon, il lève en effet alors la main en l’air avec l’intention manifeste de frapper son épouse pour parvenir enfin à la faire lâcher prise.

Manon accourt et s’interpose : « Monsieur, stop, arrêtez ! ».

Mais cela ne semble pas l’émouvoir plus que cela : « C’est qui, celle-là ? ».

L’alcool aidant, celui-ci a déjà oublié qu’elle avait tenté de lui porter assistance quelques minutes plus tôt…

Revirement de situation lorsque l’épouse s’interpose : « Partez ! Mêlez-vous de vos affaires ».

L’individu s’avance alors sur Manon : « C’est qui cette femme ? Je vais la frapper aussi ! ».

Son épouse tente de faire barrage mais ne parvient évidemment pas à retenir le bras de notre gaillard éméché…

Une gifle part, Manon la reçoit de plein fouet sur la tempe droite.

Elle est sonnée, littéralement KO debout, comme elle nous le dira plus tard, au point de ne plus savoir exactement si elle est tombée à ce moment-là ou si elle est parvenue à rester debout malgré le choc.

Dans sa tête, elle entend des bourdonnements puis des cris...

Ces cris, ce sont ceux des habitants qui, du haut d’une des terrasses de l’immeuble donnant sur le rond-point (la copropriété « les rives de la Favière » Ndlr), inquiétés par les éclats de voix sous leurs fenêtres, donnent l’alerte : « Eh, Monsieur, ça va pas ou quoi ? Arrêtez tout de suite ! ». Manon saura plus tard qu’ils ont également appelé la gendarmerie.

En bas, un attroupement se forme bientôt.

Deux jeunes, ivres eux aussi, arrivés apparemment du restaurant situé juste en dessous (l'un y est en effet plagiste), prennent alors Manon à partie, la provoquant pour qu'elle s'en aille (« Casse-toi ! »), l'insultant et la traitant de folle. Profitant de la diversion qui lui est ainsi offerte, notre forcené se dirige alors de son côté vers un véhicule noir de marque LEXUS, qui vient de se garer dans le rond-point. Au volant, la propre fille du couple, venue également à la rescousse.

A la hâte, le vélo électrique est chargé dans le coffre du SUV, sans doute pour éviter d’aggraver la situation car, même s’il ne s’agit que d’un simple deux-roues, l’individu est malgré tout passible d’une contravention et de retraits de points pour conduite en état d’ivresse.

Sonnée, bouleversée, insultée, Manon  se sent presque honteuse de la situation.

Mais, sans doute dopée par une brusque montée d'adrénaline, elle reprend finalement ses esprits et, malgré la douleur, se dirige les poings faits, du haut de son 1,65 mètre, sur le colosse.

« Tu te prends pour qui, pour frapper une femme ? » lui crie-t-elle dessus. Celui-ci recule, peu habitué à avoir autant de fil à retordre de la part du « sexe faible ». Manon avance et, dans la bousculade qui s’ensuit, prend à partie sa femme qui lui crie elle-aussi de partir. « Si tu veux te laisser faire, pas moi ! » lui répond Manon sans sourcillerL'épouse tente alors de se justifier : « je ne veux pas divorcer, pas au bout de trente ans ». Tout est dit, malheureusement !

Puis, profitant que Manon est occupée à appeler elle-aussi la gendarmerie, le couple parvient enfin à monter dans la voiture qui démarre.

A ce moment précis, elle ne réfléchit pas et, instinctivement, grimpe à l’arrière du véhicule où a déjà pris place l’épouse de son agresseur. « Une pure folie », comme elle l’analyse elle-même aujourd’hui, une fois la pression redescendue. Mais, une seule chose importe alors pour elle : retenir le véhicule suffisamment longtemps pour que la gendarmerie puisse arriver pour constater son agression.

Elle est alors saisie par le bras (elle en gardera des ecchymoses plusieurs jours) et sortie manu militari du véhicule par l’épouse qui a visiblement repris elle aussi du poil de la bête.

Littéralement éjectée sur la route, elle se place alors en désespoir de cause devant le véhicule pour l’empêcher d’avancer. Mais la voiture force le passage et la pousse, au risque de passer sous les roues du SUV.

Heureusement, Manon a eu la présence d’esprit de prendre des photos des occupants du véhicule et de la plaque d’immatriculation, même si tout a été théoriquement filmé par la caméra 360° de vidéosurveillance située au niveau du rond-point. Mais, sait-on jamais, suivant les relations que peut avoir son agresseur…

Les gendarmes ainsi que la police municipale finiront par arriver, malheureusement trop tard pour constater le flagrant délit ; nos trois lascars ayant déjà réussi à prendre la tangente. L’un des fonctionnaires la félicitera pour son acte de bravoure tout en lui reprochant dans le même temps de s’être mis elle-même en danger.

A 22h15, accompagnée de son ami, Manon se rendra à Hyères dans les locaux de SOS Médecins, après avoir refusé que les pompiers ne l’emmènent aux urgences. Pour elle, son état ne le justifie pas et elle ne veut surtout pas monopoliser une ambulance alors qu’il y avait peut-être « des interventions bien plus graves » qu’elle ce soir-là. Lors de son examen, le médecin constatera d’importantes douleurs au niveau des cervicales, de sa tempe droite et de sa mâchoire, conséquences directes de la mandale reçue deux heures plus tôt.

Le dimanche matin, elle se rendra à la gendarmerie de Bormes les Mimosas afin de déposer plainte.

Voilà comment une banale soirée de feu d’artifices peut se transformer en un instant en une explosion de violence, une simple promenade devenir un pugilat aussi incompréhensible qu’inégal. Ce soir-là, un petit bout de femme a eu le courage de s’interposer face à un goliath aviné qui menaçait de battre en public sa femme.

Depuis, la vie de Manon a repris son cours… en apparence seulement car elle nous avoue avoir toujours beaucoup de mal à dormir. Elle ne peut toujours pas passer seule à l’endroit de son agression, modifiant sans cesse le parcours de sa promenade habituelle de peur de tomber à nouveau sur ce dangereux énergumène.

Jusqu’à ce jeudi 25 juillet, où elle reçoit un courrier du tribunal judiciaire de Toulon l’informant que son agresseur fera l'objet le 5 août prochain d'une composition pénale pour un délit de « violence en état d’ivresse manifeste suivie d’incapacité n’excédant pas 8 jours ».

Et c’est là qu’elle reçoit un deuxième choc, presque aussi violent que le premier, lorsqu'elle découvre enfin le nom de son agresseur...

Important : Afin de respecter la présomption d’innocence à laquelle peut légitimement prétendre cet individu (du moins jusqu’au 5 août prochain), sans alourdir davantage notre texte, merci de bien vouloir ajouter vous-même dans cet article le suffixe conditionnel « erait » à chaque fin de verbe du 1er groupe, « irait » pour le 2ème et « drait » pour le 3ème groupe (nous contacter en cas de difficulté).

Comme Manon le redoutait intuitivement, sans trop savoir vraiment comment l'expliquer, c'est en effet un notable influant qui a ici le bras long, et pas seulement pour tirer des baffes, puisqu'il s'agit d'Olivier GRITTI directeur de cabinet du maire de Bormes les Mimosas, François ARIZZI, depuis deux mandatures.


C’est un individu bien connu du microcosme borméen, un véritable animal politique, comme le qualifient certains de ses opposants. De son passé d'ancien rugbyman, il en a gardé le gout des 3èmes mi-temps bien arrosées et un caractère plutôt combattif voire sanguin comme Manon va d'ailleurs bientôt en faire les frais...

Parfois qualifié d'hautain, il ne supporte ni la critique, ni la contradiction et n'a pas non plus son pareil pour défendre bec et ongles le maire et ses projets ; n’hésitant pas si nécessaire à monter au créneau, quitte, il est vrai, à être parfois offensif.

Mais d’offensif à agressif, il n’y a qu’un pas que notre colosse n’hésite pas à franchir et dont Olivier CAREL, un des membres de l’opposition borméenne, a apparemment fait lui-aussi les frais lors de la cérémonie des vœux du maire, lorsque notre irascible ex-rugbyman, se sentant sans doute en terrain conquis, a bien failli en venir aux mains avec lui (contacté, nous n'avons pas pu recueillir la version d'Olivier GRITTI Ndlr).

Bref, vous l’aurez compris, à Bormes les Mimosas, il y a comme qui dirait une drôle d’odeur au cabinet et nous attendons donc avec impatience que le délégué du procureur puisse le WC doutes.

Même si on peut d'ores et déjà regretter le fait que, s'agissant d'une personnalité publique, le ministère public se prive, par son choix d'une procédure alternative (la composition pénale permet en effet de juger rapidement l'auteur d'un délit, sans présence de la victime, à condition qu'il reconnaisse sa culpabilité Ndlr) d'une vrai procès public contradictoire et de sa couverture par les médias.

Restera ensuite à savoir si, malgré ses méthodes pugilistiques pour le moins discutables, administrant des baffes à ses administréEs, Olivier GRITTI pourra conserver son poste de directeur de cabinet ?

À priori oui car, à notre connaissance, il n’est toujours pas personi non GRITTI à la mairie ; confortant ainsi chaque jour un peu plus son sentiment d'impunité.

Bien évidemment, on nous répondra que la présomption d’innocence prime…

Prime même sur le principe de précaution ???

Car, vu le profil de cet individu, n’aurait-il pas mieux valu le mettre au vert plutôt qu’au verre, au risque qu’à nouveau il ne déborde ?

Actuellement en villégiature au château de Brégançon, n’oublions surtout pas que la lutte contre les violences faites aux femmes (1 féminicide tous les 3 jours en France) est une des grandes causes nationales d'Emmanuel MACRON.

Malheureusement, l’omerta actuelle autour de cette agression a tendance à nous laisser penser que ces violences de notables borméens à l'encontre de femmes sont plutôt banales p’ARIZZI…

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