Girania JONES : à la recherche de la pierre philosophale

Le prochain épisode de la saga Girania JONES ne sortira sur les écrans qu’en mai 2026 mais déjà, les fans de la série sont en transe.

Afin de les aider à patienter, la production a laissé fuiter le titre dans la presse locale (édition du 19 octobre 2024) : ce nouvel opus s’intitulera «  À la recherche de la pierre philosophale » et nous entraînera dans une nouvelle aventure de l'intrépide explorateur en pleine jungle équatoriale, dans une région sans foi, ni loi près du lagon de Kaïna Beach, où le professeur Girania, notre explorateur en culotte (très) courte, se lance sur les traces de Nicolas FLAMEL, en quête de la fontaine de jouvence politique.

Une quête ô combien difficile pour notre héros au fouet légendaire, au cours de laquelle nous devrions voir apparaître un nouveau personnage, une sorte d'aide de camp à qui le professeur JONES pourrait bien ensuite transmettre le flambeau. C'est du moins ce qui se murmure, puisque le choix du successeur reste évidemment pour l'instant un secret particulièrement bien gardé.

En coulisse, ça se bouscule : les prétendants, qu'ils soient de la même maison de production ou issus de boites concurrentes, sont nombreux à avoir déjà passé le casting pour interpréter le rôle du nouveau factotum de Girania.

Un choix qui s'avère particulièrement difficile pour les producteurs car l'heureux élu devra être à la fois charismatique, sans pour autant voler la vedette à la star, apporter un souffle nouveau à la franchise tout en restant dans la droite lignée des épisodes précédents et avoir une âme de rebelle iconoclaste tout en respectant à la lettre tous les codes bien huilés qui ont fait le succès de la série.

Certains prédisent le dernier volet de la saga, d'autres au contraire, le commencement d'une nouvelle ère…


Interview de François CARRASSAN, consultant technique et co-scénariste de ce nouveau volet.

Ciné-Gab : Bonjour et merci d'avoir accepté de nous accueillir ici, à la Villa Noailles, un lieu cher à votre cœur.

François CARRASSAN : Avec plaisir, voyons. C'est bien naturel, n'est-ce-pas. Excusez-moi, c’est un peu le bazar ici en ce moment. Une petite coupette de champagne ?

Ciné-Gab : Dans la saga Girania JONES, vous êtes l'éternel second rôle. Pas trop difficile de rester constamment dans l'ombre de la vedette ?

FC : C'est vrai que, parfois, c'est un peu frustant, je l'avoue, mais je prends ça, n'est-ce-pas, avec philosophie...

Ciné-Gab : Justement, sur cet opus, vous abandonnez l'écran pour la plume puisqu'on vous a proposé de co-écrire le scénario ?

FC : Oui, on peut dire que c'était ma dernière croisade en tant qu’acteur (il sourit). Lorsque le réalisateur m'a proposé de collaborer à l'écriture de l'histoire, je n'ai pas hésité une seule seconde, n'est-ce pas. Après tout, qui mieux qu'un ancien professeur de philosophie peut partir à la recherche de la pierre philosophale ? Et, pour tout vous dire, je ne suis pas mécontent de passer le relais car je commençais à ressentir, n'est-ce pas, une certaine lassitude à revêtir à chaque épisode le costume de Sallah.


François CARRASSAN avec le fez iconique
qui l'a rendu mondialement célébre

Ciné-Gab : Un rôle qui vous colle pourtant désormais à la peau ?

FC : Dans la rue, les gens me reconnaissent et m’arrêtent souvent pour me demander un selfie. Au début, malgré ma pudeur, c'était amusant et je m’y prêtais de bonne grâce car c’est en quelque sorte, n'est-ce pas, la marque de fabrique de la saga. Mais très vite, j’ai été contraint d’arrêter, j’attrapais constamment froid. Le plus dur à vivre, c'est que certains s'imaginent que tous les acteurs de la série se tapent les groupies, les starlettes en mal de promotion et accessoirement les poupées gonflables du décor, n’est-ce pas, quand il n'y a plus rien à se mettre sous la dent...


Alors que, dans la vraie vie, je suis comme tout le monde : j'habite ma propre maison (le titre d'un de ses livres Ndlr), je paye mes impôts ici, je rentre le soir retrouver ma famille, je fais mes courses le samedi matin en centre-ville, cabas au coude, en essayant, n’est-ce pas, de passer incognito grâce à mon chapeau tyrolien vissé sur la tête.

Ciné-Gab : Au départ, vous étiez pressenti pour le rôle principal ?

FC : Effectivement, Léo R. DALE, le réalisateur du premier film m'avait proposé le rôle de Girania JONES. Mais malgré ma proximité avec Léo, mes relations avec les producteurs italiens étaient tendues. Ils avaient des exigences... disons, pour le moins surprenantes. Résultat, ils ont opté pour un banal petit acteur de sitcom, tout droit sorti de son Ouest natal, sans doute plus malléable que moi, au grand désespoir des fans de la série qui ne se sont évidemment pas retrouvés dans la nouvelle interprétation bien éloignée du flegme et de l'humour « so british » du héros d'origine.

Ciné-Gab : Vous ne semblez pas vraiment le porter dans votre cœur ?

FC : Quand je l’ai rencontré, c’était un parfait inconnu. Je me souviens qu’il buvait son café seul, tous les jours, en face des studios, n'est-ce pas, dans l’espoir que quelqu’un le remarque. Puis, comme on avait des amis communs (Rudy RICCIOTTI Ndlr) et qu’on partageait la même haine viscérale pour l’ancienne vedette de la série, Jack O’PLITY, je l’ai pris en quelque sorte sous mon aile et lui ai fait profiter de tous mes contacts dans le métier. Et bien mal m’en a pris puisque la célébrité lui est rapidement montée à la tête… Il tirait constamment la couverture à lui dans les journaux et, à l’écouter, toute la série, sa série comme il le dit lui-même, reposait sur ses seules épaules.


Var Matin du 20 octobre 2024

En partie à cause de moi, on a littéralement accouché d’un monstre !

Ciné-Gab : Désormais, pas une semaine sans que les frasques de la star ne fassent la une des tabloïds. Pas trop difficile à vivre sur le plateau ?

FC : C'est l'enfer ! Sur le tournage, l’atmosphère est lourde et pesante. Avec toutes ses conneries, on frise la correctionnelle en permanence et, on aurait déjà dû planter la série 10 fois. Heureusement, il y a apparemment quelqu’un là-haut qui nous protège…

Ciné-Gab : Avant d’arriver sur « Girania JONES », il avait fait quelques apparitions dans des films ? Et traînait déjà visiblement quelques casseroles ?

FC : C’est vrai. On l’a vu faire une apparition dans « La folie des grandeurs » avec De Funès, dans une petite comédie américaine « Marie à tout prix », dans « le Clan du Sicilien » (je me souviens qu’il y jouait le rôle d’Alain DELOIN). Mais ce qui a sans doute marqué au fer blanc (sec) son jeu d’acteur, c’est son rôle aux côtés de Depardieu dans « les Valseuses » puis dans le « Dernier tango à Paris ». C’est à ce moment-là que tout a basculé car il a pris, sans doute par mimétisme d'acteur, tous les travers de Gérard, son mentor, notamment avec la gent féminine, n’est-ce pas. Sur le plateau, il est devenu le champion toutes catégories de la drague lourdingue, et on n’ose même plus le laisser seul avec des stagiaires, de peur que ça ne dérape.

Certains disent qu’il a un véritable caractère de cochon. Ce n’est pas tout à fait vrai, il en a aussi la libido.

D’ailleurs, vous constaterez qu’ils sont déjà nombreux, n’est-ce pas, à avoir quitté le plateau. Ils en avaient marre du comportement de ce véritable petit tyran, tout en assistant impuissants à la dérive de la série.

Ciné-Gab : C’est bien que vous abordiez le sujet. Depuis son arrivée, l’équipe est apparemment tenue à l’écart de toutes les décisions importantes ?

FC : Effectivement. Très vite, tout s’est décidé en petit comité, dans sa caravane 5 étoiles : lui, son garde du corps Rolando gracieusement mis à sa disposition par la production, et sa fille pourtant censée travailler sur une autre série, « Madame la Maire », mais qui passe le plus clair de son temps à ses côtés ; jouant les imprésarios de l’ombre sur le compte de la chaîne concurrente qui l’emploie. Heureusement qu’on n’est pas dans le public, on aurait déjà crié à l’emploi fictif !

Ciné-Gab : Vous n’avez pas l’impression de noircir un peu le tableau ?

FC : Vous plaisantez ? Vous connaissez le dernier caprice de notre star ? Il exige d'être seul avec la nouvelle assistante de production pour visionner le film en avant-première.

Alors que nous, on doit s’entasser, serrés comme des sardines, dans une salle de projection pleine comme un œuf, sur des sièges parfois gluants. Et encore, on n’a pas trop à se plaindre, certains de nos collègues attendent même parfois la sortie en salle pour découvrir le film !

Ciné-Gab : Dans le premier épisode, le professeur Girania JONES sort de son université pour partir à l'aventure. Ne serait-il peut-être pas finalement temps, à 79 ans, de le faire retourner au musée ?

FC (il sourit) : Oh, n'en soyez pas si certain. Parti comme c'est parti, on aura bientôt droit à « Girania JONES contre le colonel ALZHEIMER », la « Cité de la Sénilité » ou bien encore le « Temple de l'incontinence » avec des placements de produits adaptés à la situation : matelas de bivouac anti-escarres, déambulateurs pour explorateurs du 4ème âge, téléalarme spéciale Savane, téléphone satellite à grosses touches, protections urinaires tout terrain, etc. D’ailleurs, je ne serais pas surpris qu’il monte bientôt sur les planches interpréter le roi Lear… Un costume taillé sur mesure pour lui, n’est-ce pas?

Ciné-Gab : Vous ne pensez donc pas que Girania JONES laissera sa place à la fin du film, comme le laissent entendre certains forums de fans ?

FC : Ça, vous le découvrirez en allant voir le film, n'est-ce pas. Mais, rassurez-vous, si Girania JONES s'arrête là, je suis convaincu que les producteurs ne vont pas lâcher le filon pour si peu et qu’ils ont déjà pensé à un plan B, avec la fille globetrotteuse du héros, Carolinia JONES.

Ciné-Gab : Lorsqu'un film connaît un succès retentissant, on en multiplie parfois les suites. Pour vous qui avez joué dans 5 épisodes, n'est-ce pas (ça y est, on est contaminés...) finalement celui de trop ?

FC : Vous avez probablement raison (il se met à philosopher) : ce qui avait au départ un éclat original devient souvent une série de redites. On tire sur le cordon jusqu'à l'usure, avec des intrigues répétitives, des personnages fatigués et l’inventivité diluée au profit de la rentabilité. Il faut savoir tirer sa révérence au bon moment et j'ai bien peur, n'est-ce pas, d'avoir manqué moi aussi de clairvoyance...

Ciné-Gab : Vous avez un peu l’impression d’avoir raté votre sortie ?

FC : Malheureusement, c'est tout à fait ça ! Depuis une décennie, j'apporte ma caution morale à un projet qui ne me correspond plus du tout, vulgaire au possible et fréquemment éclaboussé de toutes sortes de scandales. Je sais que le rideau tombe rarement au bon moment mais, avec le recul, j'aurais sans doute dû m'arrêter, n'est-ce pas, le 2 janvier 2022, après les « Aventuriers de la dignité perdue »...




Fin de l'interview

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