Hameau des Pesquiers - Les frangins à la rescousse
Deux articles à quelques semaines d’intervalle dans la presse locale sur le hameau des Pesquiers.
Deux
doubles pages consacrées au projet du restaurateur toulonnais Stéphane
LELIEVRE.
Deux
journalistes unis par une même volonté de dépeindre le futur écolodge sous un
éclairage idyllique.
Deux manières assurément différentes de faire du journalisme puisqu’il est (presque) inutile de préciser que nous n’aurions probablement pas traité le sujet sous le même angle…
Que
ce soit un beau projet, nul ne peut plus en douter, vu l’énergie déployée pour essayer
de nous en convaincre. Il faut en effet saluer la campagne de promotion
savamment orchestrée depuis plus de 2 ans par le restaurateur toulonnais et par
la municipalité ; le maire n’hésitant pas à enfiler pour l’occasion son
costume de VRP et à retrousser ses manches sur le terrain quand il s’agit de
défendre le projet.
Mais
il y a tellement d’autres questions soulevées par cet écolodge au hameau des
Pesquiers, qui restent malheureusement sans réponse à la lecture de ces
articles…
Pourquoi ne pas s’interroger sur le
choix du projet ?
On
pourrait en effet s’étonner que la première étude conduite en 2013 par le
cabinet TANGRAM pour la réalisation d’un projet patrimonial, qui prévoyait
notamment une collaboration avec l’école internationale d’architecture de
Marseille, soit abandonnée dès l’élection de
Jean-Pierre GIRAN en 2014 au profit du projet d’écolodge de Stéphane LELIEVRE,
sans autre forme de consultation, ni d’appel à projets.
En
d’autres temps et sous d’autres régimes, on aurait appelé ça le fait du prince.
Pourtant,
certains se souviennent peut-être encore que François CARRASSAN écrivait en son
temps qu’il fallait réhabiliter le hameau des Pesquiers «par lancement d’un concours à
trois étages : architectural, paysager et naturaliste. Nous ne ferons
pas n’importe quoi pour satisfaire le tourisme ».
Quelques
années plus tard et à l’aune du chemin parcouru, ses propos ne peuvent que
faire sourire. Une nouvelle fois, de belles phrases dont sait nous régaler
depuis des décennies en conseil municipal notre Ugolin local dont le sempiternel
costume de chasseur n’aura pas permis, cette fois-ci, de faire détaler le lièvre.
Docilement,
le cabinet TANGRAM reverra alors sa copie pour coller aux désidératas du nouveau
locataire de Clotis ; la « résidence hôtelière
patrimoniale » étant alors gravée dans le marbre du règlement de l’Opération Grand Site.
Pour
l’anecdote, le nouveau cahier des charges de prescriptions architecturales,
urbaines et paysagères et l’étude d’impact pour la création d’une résidence
hôtelière patrimoniale dans le cadre de l’OGS (orientation 3 fiche action 10 du
rapport BOYER) aura coûté 34.300 € supplémentaires au contribuable hyérois,
pour un projet devenu entretemps totalement privé.
Quant
à l’implication personnelle du maire dans ce dossier, les hyérois en ont eu encore
une parfaite démonstration lors du conseil municipal du 28 mai dernier au cours
duquel, sentant peut-être le vent tourner, le premier magistrat n’hésitait pas à sortir son
téléphone portable ; proposant à son auditoire de leur montrer les photos
que lui avaient personnellement envoyées son ami restaurateur et qui prouveraient
ainsi, selon eux, que le permis de construire du hameau des Pesquiers avait
bien été affiché dans les règles ; n’en déplaise à tous ceux qui, grâce à
leur recours, pensaient alors réussir à faire mijoter LELIEVRE.
Pourquoi avoir laissé à l’abandon ce
lieu patrimonial ?
Car
si effectivement, le hameau des Pesquiers est laissé à l’abandon depuis près de
20 ans, comme le rappellent fort justement les journalistes, il ne faut pas
oublier qu’il y a tout de même près de 7 années à imputer à l’actuelle
municipalité.
Quand
on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. De la même manière, quand on
veut se débarrasser d’un bien communal, on commence par le laisser se dégrader
puis on prétexte justement son état de délabrement et le coût des travaux nécessaires
à sa réhabilitation pour justifier son transfert au privé. C’est cousu de fil
blanc mais ça fonctionne toujours aussi bien, nous en avons encore ici une
excellente démonstration !
Et
finalement, lorsqu’il a refermé son journal, le hyérois moyen ne peut que se
féliciter que Stéphane LELIEVRE ait bien voulu accepter d’être notre Stéphane
BERN local, inespéré sauveur de notre patrimoine en péril.
Pourquoi un bail emphytéotique si long
et si avantageux ?
2000
€ par mois pour 3500 m² de bâtiments (soit 0,6
€ par mois et par m² habitable) et 2 hectares de pinède en bord de mer,
quelle aubaine !!!
Véritable
prix d’ami, diront certains…
Plus
sérieusement, le choix d’un bail emphytéotique et sa durée (70 ans) sont pour
le moins surprenants.
Pourquoi
ne pas avoir choisi plutôt un simple bail commercial ou bien encore une
Délégation de Service Public (DSP) comme c’est le cas au casino de jeu des
palmiers dont la concession n’est, comparativement, que de 18 ans ?
Ce projet fait-il réellement
l’unanimité ?
A
la lecture du journal, c’est ce qu’on peut effectivement comprendre.
Ce
projet aurait en effet recueilli l’approbation des captois ainsi
que des enfants des ouvriers qui travaillaient à la compagnie des Salins du
Midi, comme en témoigne, dans l'article du 8 août dernier, Jacques
LAVIGNE ce fils de saunier qui a vécu au hameau avec ses parents pendant 25
ans.
Mais,
n’aurait-il pas fallu contacter d’autres enfants d’ouvriers des salins pour ensuite
confronter leurs points de vue, peut-être plus nuancé, plutôt que de se
contenter d’interviewer, en double page, une seule personne dont on peut, semble-t-il,
remettre en question l’impartialité ?
N’est-ce
pas lui en effet qui publie, depuis plusieurs mois, sur
Facebook des commentaires dithyrambiques sur Stéphane LELIEVRE; ne
tarissant pas d’éloges sur le futur projet ?
Et quand on s’intéresse d’un petit peu plus près au gotha hyérois, difficile en effet de passer à côté de Jacques LAVIGNE, élevé au trente-troisième degré dans l’ordre maçonnique du Grand Orient de France et accessoirement « maitre vénérable » d’une des plus célèbres loges hyéroises, la loge Olbia, où il côtoie probablement, dans les secrets de leur temple du quartier Saint-Gervais, notre premier adjoint, le docteur Francis ROUX, ou bien encore, parmi tant d’autres, Stéphane LELIEVRE qui, pour l’anecdote, s’était d’ailleurs chargé de préparer le repas festif pour tous ses frangins à l’occasion de l’anniversaire des cinquante ans de la loge Olbia...
Sous
cet éclairage, le témoignage du « vénérable » Jacques LAVIGNE prend ainsi une toute autre tournure…
Après
une pétition en faveur de l’écolodge du hameau des Pesquiers, créée quasiment à
l’insu de son plein gré (selon le journal Var-Matin du 8 août dernier, Stéphane
LELIEVRE aurait en effet eu l'agréable surprise de voir apparaître une pétition pro-hôtel lancée par GNI, syndicat
national hôtelier et par « Destination Soleil » représentant les
hôteliers de TPM) et qui a ensuite été largement relayée par son réseau d’influence
toulonnais, c’est maintenant au tour de ses « frangins » de voler à la rescousse du frère LELIEVRE, par pures convictions philantropiques et
philosophiques, cela va sans dire.
Quant à notre Pravda locale, elle est malheureusement, une nouvelle fois, fidèle à ses habitudes; oubliant un des premiers principes du journalisme qui est de vérifier ses sources.
D’ailleurs, force est de constater qu’à l’agence hyéroise, les journalistes passent mais l’esprit « Var-Matin » demeure, « toujours du côté du manche »; évitant soigneusement de poser des questions qui pourraient éventuellement fâcher ses principaux annonceurs.
Faute de réponses dans les articles à toutes ces questions, il ne faut pas s’étonner que certains hyérois, pour peu qu’ils ne soient ni naïfs ni affairistes, soient farouchement opposés à ce projet au hameau des Pesquiers; ayant probablement la désagréable impression que LELIEVRE et ses acolytes les prennent pour des lapins de six semaines…