Z comme zigzags

Créé le 5 décembre 2021, le parti Reconquête d'Eric ZEMMOUR compterait déjà, en à peine plus d'un mois et demi d'existence, près de 2800 adhérents dans notre département.

A l'échelon local, ce sont près de 80 militants et sympathisants qui avaient répondu, le samedi 15 janvier dernier, à l'invitation de Christian MICHEL, responsable départemental et probable tête de liste pour la 3ème circonscription du Var (Hyères, la Crau, Carqueiranne, le Pradet, La Garde et la Londe des Maures).

Cette première réunion publique à Hyères était l'occasion pour eux de revenir sur l’actualité récente de leur candidat, de tordre le cou à quelques rumeurs savamment entretenues par une presse « à charge » et de se mettre en marche (si on peut dire...) pour les prochaines échéances électorales, et notamment pour les législatives.


1ère réunion publique du parti Reconquête
à Hyères (15 janvier 2022)

Dans la salle, pas l'ombre d'une jambe de bois, d'un mousquet, ni même le moindre pirate à l’horizon susceptible d'avoir hacké le site internet de la mairie et la page Facebook du maire. Mais plutôt un auditoire flirtant pour la plupart avec les 65 ans, acquis à la cause du candidat polémiste et buvant comme du petit lait les paroles de leur leader local, en attendant de siroter le cidre accompagnant la galette des rois prévue pour les convives.

En revanche, les observateurs attentifs auront sans doute remarqué quelques têtes connues dans l’assistance ; démontrant la relative perméabilité du mouvement zemmourien avec le Rassemblement National. Ici, d'anciens colistiers de Bruno GOLLNISCH aux élections municipales de 2008, là, le candidat aux derniers élections municipales, Yves KBAIER, certes non encarté RN mais soutenu officiellement par le parti de Marine Le PEN.

L’opération « Zéduction » des déçus du RN semble visiblement bien fonctionner…

Inutile donc de préciser qu’il n'était pas question ce jour-là de fermer des portes ni de froisser des susceptibilités car le candidat ZEMMOUR, « seule alternative crédible au Macronisme », peut rassembler, ils en sont intimement convaincus, toutes les forces de droite, des LR au RN en passant par les Dupontaignantistes, les Villiéristes et autres Mégrétistes. Dans son discours aux militants, Christian MICHEL insistera d'ailleurs bien sur le fait que le RN n'est « ni un ennemi, ni même un adversaire, seulement un concurrent dont ils se rapprocheront très probablement au second tour ».

Mais ces zigzags politiques (appelés également nomadisme ou transhumance Ndlr) ne sont pas l'apanage du Rassemblement National et le parti « Les Républicains » a également son lot de transfuges tant au niveau national que local et Christian MICHEL n'y fait d’ailleurs lui-même pas exception. Ce carqueirannais de 67 ans qui confiait avoir pris sa carte au RPR en 1981, au lendemain de la victoire de François MITTERRAND, fut en effet élu, par deux fois, comme colistier à la mairie de la Valette du Var, sous cette même étiquette politique (devenue entre-temps UMP puis LR). Et la nomination du nouveau vice-président du parti Reconquête, Guillaume PELTIER (LR), ne serait, selon lui, que le premier acte d'une série de ralliements.

Avait-il déjà connaissance de l'arrivée de l'euro-député RN Gilbert COLLARD quelques jours plus tard (le 21 janvier Ndlr) et anticipait-il un éventuel coup de pouce de Marion MARECHAL Le PEN à Eric ZEMMOUR avant le premier tour ?

Car leur candidat fétiche (une militante nous confiera même avoir placardé ses affiches jusque dans ses toilettes)« homme de lettres, intellectuel confirmé et as du débat public », sera bien le futur président de la République, n'en déplaise à tous ces journalistes qui organisent une véritable cabale contre Eric ZEMMOUR (à part peut-être CNews ?), ne lui permettent pas de s'exprimer (7,2 millions de téléspectateurs assistaient pourtant à son « 20h » sur TF1 le 1er décembre dernier)prennent un malin plaisir à revenir sur ses condamnations (injures raciales en 2011 et provocation à la haine religieuse en 2018), montent en épingle ses déclarations polémiques (« Pétain, le sauveur des juifs français » ou bien encore le débat autour de la scolarisation des enfants handicapés) et vont même jusqu'à reprocher à l'auteur du livre « Le 1er sexe » de ne pas aimer les femmes.

Dans l'assistance, une groupie sexagénaire s'écrira alors « la preuve que non, il en a deux !!! », au grand amusement de tout l'auditoire.

Face à toutes ses levées de boucliers, Christian MICHEL expliquera d'ailleurs avoir eu énormément de difficultés à trouver une salle où ils puissent se réunir ce jour-là ; les portes se refermant les unes après les autres une fois l’objet de la réunion révélé.

C’est pourquoi il veillera, lors de son discours, à remercier à plusieurs reprises Christophe, leur hôte, d'avoir accepté de les accueillir ce jour-là.

Christophe, c'est Christophe PEYROUS, le gérant du restaurant « Le Driver » situé à l'hippodrome d'Hyères, qui appartient au sénateur LR du Var, Michel BONNUS (techniquement à son fils Alexandre depuis le 2 octobre 2020 Ndlr).

Et c'est bien moins la première réunion hyéroise des zemmouriens que le lieu choisi pour les accueillir qui nous a fait nous intéresser à cet événement.

Souvenez-vous en effet que c'est ce même Michel BONNUS qui, lors de la campagne des élections départementales, avait dénoncé un repas entre le président du département, Marc GIRAUD (LR), et des élus frontistes (Var Matin du 25 mars 2021) puis des « tripatouillages » électoraux avec le RN sur les cantons de Brignoles et de la Crau (Var Matin du 16 mai 2021).


Var-Matin (25 mars 2021)


Var-Matin (26 mars 2021)


Var-Matin (16 mai 2021)

Quelques mois plus tard, une fois les remous de la campagne retombés, c'est pourtant bien au tour de Michel BONNUS de prendre lui-aussi un virage en Z, offrant ainsi l'opportunité à ce nouveau parti d'extrême droite d'organiser son premier meeting politique à Hyères.

Officiellement, « le diable reste toujours les extrêmes » comme l'a réaffirmé en 2021 Hubert FALCO, le mentor de Michel BONNUS.

Mais « en même temps », pas la peine de froisser cet électorat à quelques semaines des suffrages, d'autant plus qu'il faudra probablement ensuite compter sur eux au niveau local, comme ce fut par exemple le cas en 1988 lorsque Hubert FALCO, l'autoproclamé futur « vainqueur du FN à Toulon », fut élu aux législatives grâce à un accord passé pour le département entre Maurice ARRECKX (« le Maire du Var ») et la députée frontiste Yann PIAT.

Alors, on prête discrètement (pas suffisamment, semble-t-il) une salle de réunion aux potentiels alliés de second tour, tout en passant probablement quelques coups de fil afin de s'assurer que la presse locale, pourtant bien invitée ce jour-là par Christian MICHEL, ne fasse aucune publicité autour de cette réunion.

C'est de bonne guerre et c’est surtout le B-A-BA des ficelles politiques que les nouveaux militants d’Eric ZEMMOUR sont en train d’apprendre à leurs dépens et qu’il leur faudra, s'ils veulent être élus, obligatoirement connaitre de A jusqu'à Z…

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