Le Platane de la Discorde

(ou comment Guillaume Tell se transforma en Robin du Bois)

Lorsqu’on annonça à Damien PIFFET que le platane centenaire de sa terrasse allait bientôt être abattu, son sang ne fit qu’un tour ; transformant le nouveau patron du « Guillaume Tell » en véritable Robin du Bois volant à la rescousse de l’arbre en péril et menaçant de manifester, pétitionner voire même au tronc de s’enchaîner.

Pour lui, c’est presque devenu une Idéfix : pas question de toucher à une seule feuille de son arbre, au pied duquel il vivait heureux…

A l’origine de la décision d’abattage, il n'y a apparemment aucun rapport direct avec le réaménagement du rond-point des Dames de France (prévu dans le cadre des travaux de requalification de l’avenue Gambetta) mais plutôt le danger représenté par ce platane ; le sujet étant creux selon les spécialistes.

Pourtant, s’il fallait se débarrasser à Hyères de tous les sujets creux, c’est les trois-quarts du conseil municipal dont il faudrait s’occuper !!!

Mais, dans un département déjà endeuillé par la mort de la petite Naomi, 3 ans, écrasée tragiquement par la branche d’un platane en 2015 à Sollies-Toucas, plus question de prendre le moindre risque avec des arbres infectés ; la responsabilité du maire étant directement engagée en cas d’accident.

Alors, c’est pour la pomme du Guillaume Tell qui n’en est d’ailleurs pas à son premier pépin (l’ouverture du restaurant a été reportée de plusieurs mois en raison des travaux NDLR). Bien sûr, on a essayé de rassurer le restaurateur fébrile, tendu tell une arbalète, en lui expliquant que sa terrasse serait ainsi agrandie. Sauf que lui préfère une terrasse remplie…

Car, depuis un an que cette brasserie emblématique de l’avenue Gambetta a rouvert ses portes avec à sa tête la famille PIFFET (Damien et son frère Benjamin) qui remplace la famille GIRAUDO (après qu’un sulfureux projet de rachat par une autre « famille » toulonnaise soit finalement parti en fumée), le succès se fait encore attendre et leur chiffre d’affaire pourrait bien prendre ombrage de l’abattage du feuillu protecteur.

Malheureusement, aussi motivé soit-il Damien PIFFET, HERCULE n’est point et son combat contre la Nature semble bien perdu d’avance…

Renseignements pris, l’arbre serait en effet mal en point. Parasité par le chancre coloré (champignon originaire des Etats-Unis, introduit en France lors de la seconde guerre mondiale), il serait apparemment condamné à l’abattage puis l’incinération, sans grand espoir de guérison.

Saluons donc toute l’énergie déployée par ce courageux entrepreneur pour défendre jusqu’au bout son platane chéri, qui fait partie depuis plus d’un siècle de notre patrimoine communal (on retrouve notamment des photos de cet arbre datant du début des années 20), complice muet de tant de conversations hyéroises échangées à l’abri de son feuillage protecteur.


A droite, petit platane deviendra grand...

Dommage que cette prise de conscience du fils du propriétaire de l’hôtel restaurant « Le Provençal » à Giens soit aussi tardive car il aurait pu être un nouvel ambassadeur de la cause environnementale et Dieu sait qu’à Hyères, on a du pin sur la planche...

Par exemple, cet arbanais aurait pu notamment s’émouvoir des 162 arbres arrachés avec la bénédiction de la commune dans la pinède classée sur la route de Giens, pour satisfaire les appétits immobiliers du groupe ODALYS (construction en cours de 165 logements hôteliers).

D’ailleurs, pour ne rien vous cacher, nous aurions pris un grand plaisir à imaginer le combat épique qu’aurait pu alors livrer notre valeureux Guillaume Tell face au singulier Roland de Ronceval, chevalier de l’ordre séculaire des franc-mafieux, accessoirement palefrenier bénévole du bourgmestre à ses heures perdues, qui a visiblement quelques intérêts à défendre dans ces constructions balnéaires (mais, rassurez-vous, nous y reviendrons en détail dans notre deuxième partie du clan du Saint-Cyrien…).

Ou bien encore, notre nouveau Robin du bois pourrait également, en sa qualité de défenseur de la cause patrimoniale, œuvrer auprès de TPM, en usant de tout son réseau d’influence (son père Jean-Paul faisait en effet partie du comité officiel de soutien de Jean-Pierre GIRAN en 2020 NLDR) afin de demander la réouverture du sentier littoral fermé depuis 22 ans au pied de son hôtel, pour (seulement) quelques mètres de maçonnerie effondrée (lire ici notre précèdent article à ce sujet).


Fin du sentier littoral
quelques mètres avant le « Provençal »

Après tout, ce « sentier des douaniers » fait bien partie de notre patrimoine, au même titre que les platanes de l’avenue Gambetta et il semblerait donc tout à fait normal que notre Stéphane BERN local s’en émeuve également ?

Fidèle à sa légende, notre Robin du Bois pourrait redonner aux pauvres (randonneurs) ce que le richissime Prince Jean (Paul) s’est octroyé à leurs dépens depuis une bonne vingtaine d’années : un panorama exceptionnel sur le grand large qui, faute d’accès piéton, est réservé aux seuls clients de son hôtel le « Provençal » qui jouissent donc en toute quiétude d’une superbe piscine d’eau de mer surplombant le rivage ainsi qu’une esplanade au bord de l’eau, propice au farniente.


Esplanade de l'hôtel


Piscine d'eau de mer

Entre esplanade d’un côté et terrasse de l’autre, cruel dilemme ! Nous verrons bien dans quelle cause altruiste notre nouveau défenseur de l’environnement décidera finalement de s’engager ?

Quant à notre platane, vous l’aurez compris, pour lui, ça sent le sapin… à moins que, touchons du bois, des trésors d’ingéniosité ne soient maintenant déployés pour éviter aux branches de le faire ; sauvant alors le célèbre locataire de l’avenue Gambetta de la chronique d’un tronçonnage annoncé.


Sinon, espérons simplement qu’une fois l’arbre abattu, la municipalité n’ait pas l’idée saugrenue de le remplacer par une espèce devenue désormais endémique, l’arbre métallique…


Photo J-C CHAPPUT


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