Gambetta : un rond-point qui ne tourne pas rond...

Le code de la route autorise les véhicules à faire une marche arrière lors d'une manœuvre pour faire un créneau, se ranger en épi, stationner en bataille, éviter un obstacle ou, dans certaines situations de circulation dense ou de blocage, pour permettre à d'autres véhicules de passer ou faciliter le mouvement général du trafic.

Mais nous avons eu beau éplucher le code dans tous les sens (qu’ils soient uniques ou même interdits), à aucun moment il n'est précisé qu'on puisse reculer dans un rond-point, a fortiori lorsqu'on est seul à y circuler.

C'est pourtant la mésaventure qui vient d'arriver vendredi dernier à un bus du réseau Mistral dans lequel se trouvaient des responsables techniques de la commune, des pompiers, des agents de la police municipale et du réseau Mistral ; tout ce gratin étant réuni ce matin là pour un « city tour » des travaux de requalification du centre-ville, plus exactement une visite officielle de sécurité avant l'ouverture à la circulation, prévue le soir même.

Aux alentours de 11h30, après avoir eu quelques déconvenues sur l’avenue Clotis, où une navette de l'Espace 3000 stationnant au niveau du Crédit Mutuel empêchait l’autobus de se décaler sur la droite pour mieux tourner à gauche vers Gambetta, il parvint enfin, après de savantes manœuvres, quelques reculades (celles-ci bien autorisées par le code de la route) et les premières suées parmi les passagers, à virer de bord sur l'avenue Gambetta en direction du nouveau carrefour des Dames de France que les plus jeunes appellent le rond-point du Mac Do.

Là, une nouvelle difficulté l’attendait, et non des moindres, puisque, lorsque le bus voulut tourner en direction de l'avenue du Maréchal Liautey (située sous la mairie et rejoignant le Park Hôtel Ndlr), il se retrouva bloqué dans le nouveau rond-point, à la manière d’un piège à souris se refermant sur sa proie ; l’obligeant pour se tirer de cette fâcheuse posture, à plusieurs marches arrières, devant les badauds hilares d’assister en direct à une énième cagade des services techniques municipaux.

Il est vrai que la forme oblongue du nouveau carrefour giratoire n'est pas vraiment adaptée, c'est le moins qu'on puisse dire, aux rayons de braquage des bus, des camions de pompiers, de livraison ou de déménagement. Et il ne faut pas être sorti de Saint-Cyr (sur-Mer) pour s’en rendre compte (c’est peut-être d’ailleurs de là que vient le problème...).

Heureusement que c'était un bus « standard court » (11 mètres) et pas un standard long (13,5 mètres), ni même la « grande échelle » des pompiers car le véhicule serait à coup sûr resté tanqué là , créant une belle pagaille en bouchant Gambetta comme le fit naguère une fameuse sardine dans le port de Marseille.

Évidemment, personne dans le bus n’en menait large. Pensez-donc, se rendre compte du problème le jour de l’inauguration, après plus d’un an et demi de chantier !!!

Et dire qu’ils annonçaient la veille dans le journal 3 à 4 jours d’avance sur le planning, c’est ballot.


Extrait de l'article Var-Matin du 25 avril 2024

Inutile de vous dire et que les travaux n'ont pas été réceptionnés ce jour-là...

Il semblerait qu'une fois rentré en mairie, le BRUNO honteux et confus, jura mais un peu tard, qu’on le l’y reprendrait plus !

Mais à sa décharge, et celle de ses services techniques, ce ne sont pas les seuls à s’être plantés dans le nouveau rond-point puisque le journal Var-Matin s'est lui aussi trompé de sens de circulation dans son article du 25 avril dernier, orientant visiblement les flèches à l'attention de nos amis britanniques et de tous les membres du Commonwealth adeptes de la conduite à gauche.

2ème extrait de l'article Var-Matin du 25 avril
(nous voici revenus au temps de la reine Victoria)

Fort heureusement, plutôt que de casser et de tout refaire, à coup de généreux avenants et de millions d'argent public, cette bande de triples bus a déployé, une fois n’est pas coutume, des trésors d’ingéniosité afin de trouver rapidement une solution qui tienne la route.

Les autobus qui descendront de Clotis n'auront qu'à emprunter l'avenue du soldat Bellon (si, si, on vous promet, c’est véridique) puis, au rond-point Galliéni (rond comme il faut, celui-là) remonteront à nouveau l'avenue du soldat Bellon pour aborder le carrefour des Dames de France dans une position anatomiquement adaptée pour tourner sans accrocs vers Liautey.

Ce petit détour est chiffré par nos experts es circolazione à seulement deux minutes supplémentaires, à condition bien sûr qu'il n'y ait pas trop de trafic (routier, ne faites pas de mauvais esprit, voyons).

Car, dans le cas contraire, les usagers du réseau Mistral seront bientôt tous ceinture noire de car raté. Sans même parler du fait que deux minutes de plus lors d'une intervention des pompiers peuvent avoir de très lourdes conséquences...

Itinéraire de déviation prévu
par le service de la voirie (2 minutes plus long)

Itinéraire bis proposé par le gabian déchaîné
en partenariat avec le réseau Mistral
(500 heures de bus plus long)

Bref, évidemment qu'avec ce nouveau sens de circulation, on les attend au tournant !

Reste maintenant à baptiser notre nouveau carrefour excentrique, ce rond-point pas très au point qui nous fera tous, c’est certain, rapidement tourner en bourrique...

De par sa forme, certains proposent de l’appeler le concombre, le fayot (même si ce nom risque de faire penser à quelques chefs de service municipaux), le Doliprane (vu les maux de tête qu’il cause en ce moment aux bureaux d’études de la mairie et de VAD, que beaucoup appellent désormais « Virage A Droite »), le tic-tac (car c'est seulement 2 car-lories), le suppositoire (car il va certainement en faire caguer plus d'un...) ou bien encore le gland.

D’autres suggèrent tout simplement de l’appeler le rond-point du « fada ».

A moins qu’on ne s’inspire de la remarque de cette famille portugaise qui, visitant ce matin-là notre beau centre-ville refait à neuf, nous faisait pertinemment remarquer que le rond-point avait une forme de péniche. Très bonne idée comme nom de baptême qui fera chertainement chourire tous les amateurs de chelfies…

En tout cas, pour terminer avec une petite blague car-ambar comme à notre habitude, ces histoires de bus qui avancent et qui reculent nous donnent non seulement le tournis mais également du grain à moudre à tous ceux qui pensent que rien ne marche à (r)Hyères, même un simple rond-point giraNtoire...




Merci à Raymond DEVOS,
le roi incontesté de l'absurde,
 dont le sketch nous a inspiré cet article

En son hommage, pourquoi ne pas appeler tout simplement ce carrefour le rond-point DEVOS ?

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