6 juin : la CRC débarque à Hyères

Aux premières lueurs de l'aube, ce 6 juin, l'armada des navires de la CRC s’approche de la rade des îles d'or.

C'est le jour GI choisi par la Cour Régionale des Comptes (CRC) pour débarquer dans la baie du cochon, après de longs mois passés à planifier méthodiquement l'opération.

L'annonce, transmise discrètement sur les ondes de Radio Lavabo, a réussi à passer sous les radars ennemis et c'est déjà pour eux une première victoire. « Aux sanglots longs des violons de l'automne » succède un autre message codé que la résistance ne tarde pas à décrypter. « Les carottes sont cuites », c'est le signal choisi pour annoncer le lieu du débarquement. Celui-ci aura lieu à l'Ayguade, plage qu'avait déjà choisi le roi Saint-Louis à son retour de la 7ème croisade.

Mais, au dernier moment, en raison d’un fort vent d’est, la flotte magistrale doit finalement changer de cap et les barques s'échouent en face de l'aéroport, sur la plage de Mafia Beach.

Après avoir débarqué, la cohorte chemine d’abord entre les matelas de plage tout en refusant, incorruptibles, la coupette de Ruinart que la tentatrice tenancière leur tend souriante, en signe de bienvenue.

Rapidement, ils quittent la dune de sable et se mettent en ordre de marche vers leur cible, le bunker situé à quelques kilomètres de là, au centre de la ville. Ils le savent, la progression en territoire ennemi sera certainement difficile et semée d’embûches mais ils sont déterminés à aller jusqu’au bout de leur mission, galvanisés par l’objectif à atteindre.

Les voyant s’éloigner au pas cadencé, notre Mata Hari locale prévient immédiatement la kommandantur. Très vite, au 5ème étage du blockhaus, c'est l'effervescence : les broyeuses tournent à plein régime pour tenter de supprimer les documents compromettants, les factures embarrassantes.

Mais ce qu'ils ne savent pas encore, c'est qu'il est déjà trop tard pour eux...

Quelques jours plus tôt, quatre des principaux généraux avaient pourtant bien été prévenus de l'imminence de l'attaque ; la cour des comptes ayant envoyé à chacun d'entre eux une missive les sommant de s'expliquer sur les malversations au Centre Commercial du Nautisme (nom de code CCN) et sur le rôle qu'ils y ont joué.

Mais ils ont péché par orgueil et, se sentant probablement intouchables, ils ont commis l'erreur fatale de ne pas tenir compte de cet avertissement.

Sur le terrain, les magistrats continuent leur progression, en formation serrée. Bientôt, ils doivent affronter les premiers obstacles ; barbelés et barricades improvisées défendues par des sujets restés loyaux au tyran. Les escarmouches sont intenses mais ils parviennent à chaque fois à mettre en déroute les troupes ennemies. Plus loin, ce sont des boucliers FRANMAC, placés par Herr General, qui les attendront.

Informés minute après minute de l'avancée des troupes alliés, c'est désormais un silence assourdissant qui règne au 5ème étage de Clotis ; contrastant avec les éclats de voix et les coups de gueules qui y règnent habituellement.

Retranchés dans le bunker, ils savent désormais qu'il devront eux aussi rendre des comptes sur le détournement de fonds publics dont ils se sont, par leur silence, rendus complices et sur les 1,3 million de fausses factures qu'ils ont incontestablement payées.

La commandante Beeveal, cloîtrée dans son bureau, se morfond en attendant l'interrogatoire tandis que son second, le lieutenant Jack Brunaw, est au contraire sur le pont, prêt à en découdre, bien décidé s'il le faut à faire une nouvelle fois barrage de son corps. Sans doute faut-il y voir la fougue de sa jeunesse, lui débarqué tout droit du fin fond de sa Caroline ?

Quant aux deux autres agents également inquiétés par la cour des comptes, l'un a déjà été muté sur le front russe tandis que l’autre a finalement préféré la bataille de la plaine crauroise.

Au prix d'un dernier effort, les forces alliés réussissent enfin à pénètrer victorieuses dans le bunker.

Dans son bureau, le général en chef est seul à présent. Dans la débâcle, tous l'ont quitté, même son fidèle chauffeur bénévole. Il s'enfile fébrilement whisky sur whisky tout en allumant clope sur clope.

Dans un dernier éclair de lucidité, il réalise alors que la CRC est parvenue à franchir son mur de l'ATLAN-tique.

Pour s'en sortir, il sent bien qu'il lui sera difficile de faire une nouvelle pirouette et qu'après la chute du Falco noir, c'est désormais probablement à son tour de tomber.

Il regarde alors fixement son Luger P08 posé sur le bureau...

A moins qu'il ne préfère une overdose de viagra ?

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