Quand LELIEVRE illumine nos nuits

Ce soir-là, tandis que la chaleur peine encore à se dissiper, des détonations aussi soudaines que fracassantes brisent le silence de la nuit; tirant en un instant les hyérois de leur torpeur estivale.

Serait-ce le débarquement tant annoncé de la Cour des Comptes, ou bien un énième règlement de compte à Valdé Corral ?

Fausse alerte : ce n'est que notre restaurateur préféré qui s’improvise artificier; délaissant pour un temps bombes (glacées) et bouquets (garnis) de son hameau des Pesquiers pour nous offrir un véritable festin des yeux, nous servir un banquet de lumières, nous régaler de feux d’artifices alléchants au risque toutefois de crépir le ciel d’une nuée de gerbes multicolores, si le spectacle s'avèrait trop copieux...

Et bien qu’il tienne évidemment à garder secrète sa recette pyrotechnique, notre croqueur de carottes en chef accepte bien volontiers de livrer à nos fidèles lecteurs un de ses ingrédients fétiches : la poudre de flageolet, idéale selon lui pour aider les fusées à péter.

Grâce à Stéphane LELIEVRE, notre ciel hyérois s’illuminera à sept reprises cet été à la tombée du jour ; permettant ainsi aux touristes et aux habitants de retrouver, le temps d’un spectacle, leur âme d’enfant.

Malheureusement, la nature humaine est ainsi faite et son généreux mécénat fit de l’opposition les choux gras, en la personne du compère Martin qui fit l’âne pour avoir du son (et lumières) en conseil municipal. Pour lui, c’était cousu de fil blanc : derrière les illuminaziones se cachent forcément des combinaziones.


Extrait de l'article Var-Matin du 29 avril 2024

Devant tant de cynisme, il n’en fallut pas davantage pour décourager LELIEVRE qui, tel sa célèbre amie à écailles, se carapata lui-aussi dans sa coquille.

Avant que notre bon maire ne réussisse à le persuader de faire fi de tous ces ingrats. « Pétarade comme bon te semble » lui conseilla le premier magistrat « et surtout, ne te retiens pas ». Ce conseil avisé fut un véritable soulagement pour notre prince des champs qui, après s'être un temps déballonné, s'en trouva regonflé à bloc, prêt à faire trembler tous les murs de la Cité, avec l'aide précieuse d'un membre de sa famille, artificier de métier : Gazpart, son cousin péteur.

Nous aurons donc bien droit cet été au divertissement tant attendu, au sens littéral du terme bien entendu puisque ces spectacles fantastiques nous détournent évidement des vrais sujets…

Oublié en effet le prix d’ami qui lui fut fait lorsqu’il fallut louer les Pesquiers (lire ici),

Oublié, son réseau de frangins qui vint alors à sa rescousse (lire ici),

Oublié, son lot de plage taillé sur mesure pour son fauve pelage (lire ici).

Oublié, surtout, son permis de construire qui, tel le canard qu’il servait jadis (la viande n’est plus en odeur de sainteté dans son éco-lodge basé sur le concept de développement du râble Ndlr) est plutôt boiteux.

En effet, son projet de terrier 5 étoiles aurait dû logiquement capoter ; LELIEVRE n’ayant pas assez de places de stationnement sur son terrain (seulement 18 places pour une trentaine de chambres, sans compter les véhicules de son personnel).

À cette nouvelle, tout autre que lui aurait été lé-civet, mais notre rusé rongeur repris vite du poil de la bête, appelant sans tarder Toulon afin d'actionner son réseau franc-maçon...

Et avec l’aide providentielle du premier magistrat de notre commune ainsi qu'un petit coup de pouce du département, un moyen fut rapidement trouvé pour faire rebondir notre dévoreur de laitues, sans qu’il ne se mette la rate au court-bouillon.

Alfred de Musset ne badinait pas avec l’amour alors que pour Jean-Pierre GIRAN, c’est plutôt avec les stationnements. Et c’est donc fort logiquement à la Badine, que notre édile proposa à notre mangeur de trèfle de privatiser aux trois-quarts le parking Denis PAPIN (surnommé depuis le « nid du Lapin » par tous les arbanais moqueurs, férus d’anagrammes) afin qu’il ait bien le nombre de places nécessaire à l’obtention de son permis de construire.

L'avis favorable d'urbanisme
obtenu en 2 coups de cuillère à pot

Et qu’importe qu’il s’agisse du domaine public; l’intérêt général de notre frangin aux grandes oreilles l’emportant forcément sur la somme de tous les intérêts particuliers des simples usagers. Tout comme ce sera également le cas quelques temps plus tard pour sa plage privée où désormais le mouillage des bateaux n’est plus autorisé, afin probablement de préserver le panorama de ses clients fortunés. Preuve une fois de plus qu’on n’est pas forcément tous éco-lodgés à la même enseigne !

Quant au stationnement, les détails logistiques furent réglés, comme prévu, en mettant en place un service de voituriers.

Bien évidemment, le brillant artifice de notre pyrotechnicien ne tint que le temps de l’instruction du dossier puis se dissipa, tel un écran de fumée, dès que toute idée de recours des tiers fut écartée, du moins pour ceux qui eurent la chance de voir le très furtif permis de construire, avant que le lièvre ne détale, le panneau d’affichage sous le bras.

Aujourd’hui, ses employés stationnent donc le long du canal, sur la voie publique, juste en face de son gîte de luxe et il y a fort à parier que la conformité de son permis de construire lui aura malgré tout été délivrée par les services municipaux.

Voilà comment, grâce à la magie d'un spectacle féerique, le hyérois se transforme comme par enchantement en un lapin de six semaines, oubliant en un coup de spatule magique tous ces petits arrangements et autres entorses aux règles du bâtiment. S'il avait connu l'invention de la poudre, Confucius aurait pu résumer ainsi la situation : « le sage montre la lune, l'imbécile regarde les fusées ».

Constamment à la recherche de nouvelles idées culinaires,  sa mésaventure aura au moins eu le mérite d'inspirer à notre chef talentueux un nouveau plat signature qu'il mettra prochainement à sa carte : la fricassée de lapereau du terroir à la mode « Jean-Pierre ».

Sans vous en dévoiler tous les secrets, voici un petit conseil pour réussir à tous les coups cette succulente recette : après l'avoir consciencieusement écorché, désossé, éviscéré et surtout décérébré, n'oubliez surtout pas, avant de le  faire revenir dans une casserole à feu moyen avec du beurre, de rouler une dernière fois votre lapin de six semaines dans la farine. Il n'en aura que plus de saveur...

Bon appétit, les amis !!!



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