PATY, sans laisser d'adresse

Le procès des assassins de Samuel PATY et la commémoration des 10 ans de l’attentat contre Charlie Hebdo doivent nous rappeler que la liberté d’expression est une des valeurs fondamentales de notre République, un bien précieux auquel il faut veiller chaque jour.

Richard MALKA, l’avocat de Charlie Hebdo, l’a brillamment formulé dans son livre inspiré de sa plaidoirie lors du procès d’assises des attentats de janvier 2015 : nous avons tous « le droit d’emmerder Dieu ».

Après tout, si Dieu existe, il n’a assurément pas besoin d’une bande d’illuminés armés de kalachs pour agir à sa place. Une bonne épidémie de peste ou de choléra, quelques éclairs foudroyants par ci, par là, un virus mortel à base d’extrait actif de pangolin ou bien encore deux ou trois tsunamis cataclysmiques devraient très facilement lui suffire à occire tous ces hérétiques et autres empêcheurs de prier en rond. Ou alors, s’il doit se faire aider pour cela, c’est la démonstration évidente qu'il n’est pas tout Puissant, et donc qu'il n'est pas Dieu...

Ce raisonnement est d’une logique implacable sauf évidemment pour tous les esprits lobotomisés par la propagande sur les réseaux sociaux, paradis des prédicateurs en tous genres (et des pseudo-journalistes amateurs 😉).

Et c’est cette même débilité crasse qui pousse actuellement certains autres extrémistes à souiller les murs de la ville d’Hyères avec des tags aux slogans racistes et islamophobes.





Laissons donc Dieu tranquille et attachons-nous plutôt à veiller à notre chère démocratie, comme l'a fait le Club de la Presse 83 en organisant un rassemblement mardi soir, devant le théâtre Liberté de Toulon, en hommage aux victimes de Charlie Hebdo.

Ce soir-là, journalistes et politiques étaient tous réunis pour célébrer ensemble cette liberté fondamentale, celle de pouvoir s’exprimer librement, rire de tout sans censure et, surtout, sans violence. Même Josée MASSI, maire de Toulon, était là, aux côtés de Charles BERLING, pour déployer la banderole « Nous sommes Charlie ».


Article du 8 janvier 2025


La maire de Toulon, Josée MASSI (au centre)
entourée de Charles BERLING
et de membres du club de la presse 83

Mais, sur la photo de Var Matin, un grand absent : le Président de la Métropole !

Trop occupé ? Un peu fatigué ? Ou tout simplement vexé (comme ses proches apparemment...) que le club de la presse 83, organisateur de cet événement, ait pu prendre sous son aile le gabian déchaîné, en invitant son rédacteur à participer à un apéro-liberté le 24 octobre dernier à Toulon ?


Commentaire de Caroline GIRAN,
Directrice Générale Adjointe à la mairie de Toulon
sur le réseau LinkedIn (26/10/2024)

Une chose est certaine : Jean-Pierre GIRAN n’était pas Charlie ce soir-là…

Tout comme il n’est visiblement pas non plus Samuel PATY.

Oubliée en effet la belle promesse faite à l’opposition (groupe Hyères Tout Naturellement) en décembre 2021, de baptiser la nouvelle voie d’accès au futur lycée hôtelier du nom du professeur assassiné il y a 4 ans.


Courrier du maire (6 décembre 2021)

Lors du conseil municipal du 11 octobre 2024, les élus d’opposition se sont retrouvés dans une impasse, constatant impuissants en séance que l’avenue Samuel PATY avait été débaptisée pour finalement s’appeler l’ « avenue des 5 saveurs », un nom moins épicé, plus digeste mais surtout beaucoup plus insipide…


Délibération 41 (conseil municipal du 24/10/2024)

Et Samuel dans tout ça ? PATY sans laisser d’adresse !

Pourtant, ce n’était qu’un banal nom de rue, non ?

Car, à l’instar de plus de 10 écoles et collèges français, parmi lesquels celui de Conflans-Sainte-Honorine, où travaillait l’enseignant, on aurait pu se surprendre à rêver que nos élus fassent un choix éminemment plus politique et (pour une fois ?) courageux : celui de donner le nom de Samuel PATY au futur lycée professionnel hôtelier.


Exemple de l'école de Cendrieux
à Val-de-Louyre-et-Caudeau (Dordogne)

Dommage en effet qu’à Hyères on l’ait joué comme on dit « petit bras », en préférant le nom beaucoup plus consensuel de Philippe Da SILVA, chef étoilé de l'Hostellerie des Gorges de Pennafort à Callas, disparu en 2021.


Article Var Matin du 14 octobre 2024

Un chef, certes renommé, mais dont le nom n'a évidemment pas la même portée symbolique que celui de l'enseignant lâchement assassiné, dans un contexte actuel si singulier où l’obscurantisme et la haine de l'autre progressent chaque jour un peu plus.

Assurément, à Hyères, on ne souhaitait pas souffler sur les braises du fanatisme religieux et voilà donc comment Samuel PATY fut sacrifié à nouveau, cette fois-ci sur l’autel du politiquement correct.

Bien plus qu’une chaise vide lors de l’hommage à Charlie hebdo, c’est surtout ce rétro-PATYnage qui nous semble particulièrement inquiétant pour notre Démocratie…



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