Notre Halle de Désolation

On observe actuellement un regain d'intérêt pour les halles alimentaires en centre-ville, longtemps laissées à l'abandon, victimes collatérales depuis des décennies de l'essor des centres commerciaux périphériques.

Fort heureusement, la tendance s'inverse enfin grâce à des modes de consommation alternatifs, la recherche par les clients de filières courtes de distribution, une quête de qualité et d'authenticité des produits ainsi que le plaisir de la découverte des petits producteurs locaux et de leurs conseils éclairés généreusement prodigués « avé l'assent » au fil des étals.

Le succès des halles s'explique sans doute également par un besoin de lieux de vie où l'on puisse se retrouver ; recréant ainsi du « tissu social » qu'on croyait bien mis à mal par la COVID-19,

Incontestablement, les « nouvelles » halles constituent une véritable locomotive commerciale qui fait revivre les centres-villes et des communes comme Toulon ou la Crau ne s'y sont d'ailleurs pas trompées ; inaugurant en fanfare ces agoras contemporaines « qui sentent le matin la mer et le Midi ».

A l'échelle de la Métropole, Hyères aurait pu être, dès 2015, le précurseur de cette nouvelle tendance mais elle vient de se faire une nouvelle fois damer le pion non seulement par l'ogre toulonnais mais également par le petit poucet craurois.

Car si on pouvait effectivement lire sur le site internet de la commune que la construction de la halle de la place Vicomtesse de Noailles, serait un moyen de « revaloriser le site et dynamiser le quartier », six ans plus tard les riverains attendent toujours les retombées positives de cet ouvrage peu esthétique qu'ils ont bien vite rebaptisé le « hangar à bestiaux ».

Notre Halle de Désolation,
place Vicomtesse de Noailles

Prenez d'ailleurs quelques instants pour lire cet article sur le site de la mairie, un pur régal tant il paraît aujourd’hui complétement déconnecté de la réalité...

https://www.hyeres.fr/actus/la-halle-place-vicomtesse-de-noailles

En effet, « des choix techniques et architecturaux spécifiques ont permis d'éviter l'implication d'éléments criards qui auraient pu dénaturer le site ».

Nous avons donc apparemment échappé au pire !!!

Quant au choix des matériaux, « la halle est en bois, rappelant les arbres de la place » ; quelle ironie quand on pense justement à tous ces platanes qu'il a fallu couper pour permettre la construction de l'édifice.

Enfin, « grâce à une couverture transparente, la structure se fond dans le feuillage des arbres »Sauf que même les boulistes n'y trouvent pas leur compte ; incapables de tenir sous l'ombrière en plein été, escagassés par la chaleur de la couverture transparente, et se retrouvant en hiver les pieds dans l'eau, faute de canalisation des eaux de pluie sur leur terrain de jeu.

D'ailleurs, les commerçants installés autour de la place attendent toujours le ruissellement (économique) de ce qui devait être, à l'origine, un marché couvert.

Et c'est ainsi que cette place tomba peu à peu en déshérence, finalement squattée par des sans-abris faute sans doute de structures communales d'accueil adaptées (seulement 7 places d'accueil dans notre commune NDLR) au grand dam des riverains.

Quelle désolation que cet investissement de 310.000 € (chiffre officiel auquel il faut sans doute ajouter quelques avenants NDLR) soit ainsi laissé à l'abandon et que, lors de l'étude de requalification de la place Clémenceau, les conseils avisés de ce président de Comité d'Intérêt Local, ancien architecte de renommée nationale, n'aient pas été écoutés ; lui qui prônait une halle couverte de type « Baltard » en plein cœur de ville, sur l'exemple réussi de tant de communes touristiques du Sud-Ouest de la France.


Exemple de pavillon Baltard
(Nogent-sur-Marne)

Sans plus de succès, il mettra également en garde contre cette place dont la rosace (inspirée de celle de Michel Ange sur la place du capitole à Rome, excusez du peu) serait, selon lui, « uniquement visible par hélicoptère ou par les gabians » ; les passants ne faisant, comme on pouvait s'y attendre, que passer et repasser sur cette place minérale sans s'arrêter, sans doute écrasés par une perspective invisible à leurs yeux de profane et le nez rivé sur son piètre carrelage.

Mais le rouleau compresseur RICCIOTTI était déjà en route et c'est sans doute pour cela que la municipalité manqua cruellement d'idées « halle »... alors qu'il aurait plutôt fallu saisir l'opportunité d'un tel montant d'investissement (14 millions d'euros) pour prendre le temps de repenser totalement le commerce de centre-ville et le concevoir comme un vecteur d'attractivité globale.

Certes, on assista bien ensuite à des tentatives de redynamisation du commerce, comme par exemple ce parcours des arts hyérois, copié-collé du grand frère toulonnais, mais toujours malheureusement avec un temps de retard et donc sans aucun effet de surprise...

Et que dire de ce curieux marché de producteurs installé dans les anciens locaux de l'office du tourisme, sur l'aire d'autoroute à l'entrée Ouest de la ville, nouveau drive-in (après celui de l'Espace 3000 dédié à la restauration rapide NDLR) dont on peut plus que douter de l'efficacité pour attirer des touristes en centre-ville.



Inauguration du marché de producteurs sur l'A570
(16 juillet 2021)

« Ce projet va dans le sens de l'histoire » n'hésita pas à affirmer Jean-Pierre GIRAN lors du discours d'inauguration, comme si l'histoire se résumait finalement à dépeupler les centres-villes ; ce qui ne semble en définitive pas surprenant de la part de ce supporter inconditionnel de Jean-Michel WILMOTTE, célèbre architecte de l'Avenue 83, qui bénéficia à la Valette de la part de nos élus métropolitains d'une autorisation d'exploitation commerciale très généreuse probablement à l'origine de la condamnation à mort d'un commerce local déjà exsangue.

Finalement, face à un tel niveau d'amateurisme et cette succession d'erreurs stratégiques absolument incompréhensibles, il ne faut pas s'étonner si le seul commerce qui prospère encore aujourd'hui en centre-ville à Hyères soit celui des affiches de redynamisation du commerce de centre-ville...






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