La boulangerie PASTOR baisse définitivement le rideau

Mardi prochain, le tribunal de commerce de Toulon prononcera la liquidation judiciaire de « Pastor Maison Margot », cette boulangerie pâtisserie, véritable institution hyéroise, située 86 avenue Gambetta, ainsi que celle de sa petite sœur aux vieux Salins, dans la résidence « Rivage ».

Créée en 2017, la société de Thierry et Valérie CLAIRAND (à laquelle ils ont d'ailleurs donné le nom de leur fille Margot) aura résisté au COVID, à l'augmentation du tarif de l'électricité mais visiblement pas aux travaux de requalification du « Triangle d'Or ».

Premiers impactés dans l'avenue Gambetta, ces commerçants ont en effet vu plonger leur chiffre d'affaire de plus de 320 000 € en un an ; les clients ne pouvant plus accéder à leur commerce en voiture, ni même à pied (lire ici).

La commission d'indemnisation amiable (CIA) tardant à statuer (ses conclusions devraient théoriquement  être rendues en décembre soit 16 mois après le début des travaux Ndlr) , nos deux patrons boulangers n'ont alors eu d'autre alternative que de saisir le tribunal administratif en mai 2023 pour réclamer une avance de 60 000 € (soit 20% de leurs pertes estimées). Cette somme leur aurait permis de garder la tête hors de l'eau jusqu'aux fêtes de fin d'année, de rassurer leurs créanciers tout en réglant leur loyer (5600 €) et leur facture d'électricité au montant astronomique (plus de 4700 € par mois).

Ils virent un temps le bout du tunnel lorsque le tribunal leur accorda cette avance. Mais cette lueur d'espoir fut de courte durée car la commune fit immédiatement appel de cette décision ; suspendant jusque là tout versement.

Pour quelles raisons la commune a-t-elle fait appel puisqu'elle aurait dû de toute façon les indemniser quelques mois plus tard ? Pour les époux CLAIRAND, cette décision est d'autant plus incompréhensible qu'il ne s'agit pas de faire l'aumône mais simplement d'obtenir plus rapidement une partie de l'avance à laquelle ils pouvaient légitimement prétendre, nous expliquent ils encore hébétés par cette décision ubuesque.

A moins que l'intention de la mairie soit tout simplement de ne pas indemniser les commerçants ? C'est en tout cas ce qu'on pourrait conclure lorsqu'on voit le véritable parcours du combattant pour remplir le dossier d'indemnisation (plus de 9 documents réclamés et le recours obligatoire à un expert comptable) qui en a déjà dissuadé plus d'un dans le quartier.

La commune a sans doute également eu peur que cette procédure en référé n'encourage les autres commerçants à emprunter le même chemin car le montant total des indemnisations pour la première tranche des travaux (avenue des îles d'or et le bas de l'avenue Gambetta Ndlr), probablement évalué « au doigt mouillé », est totalement dérisoire. Jugez plutôt : pour la seule boulangerie Pastor, leur expert comptable estime à 241 000 € le montant total des préjudices liés aux travaux, soit la moitié de la somme totale allouée à l'ensemble des commerçants (500 000 €).

En faisant appel, la commune envoyait surtout un signal aux autres commerçants ; les dissuadant de prendre le même chemin que les époux frondeurs.

Le jugement en appel est tombé le 27 septembre dernier : il annule le premier jugement et dégage la commune de toute obligation d'avance. Bien qu'ils aient survécu à la première tranche des travaux, Valérie et Thierry CLAIRAND devront finalement, faute de liquidités, baisser mardi soir définitivement le rideau de leurs 2 boulangeries pâtisseries, avant même les fêtes de fin d'année.

Comment la situation a-t-elle pu dégénérer à ce point ?

Certes, Valérie est allée plusieurs fois en mairie les alerter sur leur situation financière et celle de leurs voisins, réclamant notamment la mise en place d'un arrêt minute devant leur magasin le temps des travaux (qu'elle obtiendra finalement plusieurs mois plus tard) mais toujours poliment et avec compréhension pour ces travaux qui allaient, on la rassurait alors au cabinet du maire, leur apporter des retombées sonnantes et trébuchantes.

Depuis leurs installation, Valérie et Thierry ont toujours fait preuve de générosité ; offrant leurs invendus aux restaurants du cœur ou organisant une galette solidaire avec le CCAS (1 euro reversé par galette vendue) qui leur avait valu la visite du maire dans leur magasin.


Article Var Matin du 8 janvier 2021
(du temps de l'entente cordiale)
avec la petite fille du couple dans les bras du maire

Pour eux, c'était naturel car, comme ils le précisaient dans l'article : « la solidarité est plus que jamais nécessaire dans cette période (nous étions alors en plein CO-VID, comme leur terrasse à l'époque  Ndlr). Nous devons tous nous entraider et faire attention aux uns et aux autres ».

Sauf que pour la commune, la solidarité c'est comme la cuisson du saumon : à l'unilatérale... Et quand nos commerçants ont eu besoin à leur tour de solidarité, ils ont à ce moment là trouvé porte close.

Interviewé par BFM Toulon, le maire ira même jusqu'à dire avec tout le cynisme qu'on lui connait que « cette indemnisation est un effet d'aubaine pour certains » qui étaient déjà « en difficulté financière structurelle ». Il faut voir là une allusion directe à la situation financière des époux CLAIRAND ; notre premier magistrat, rancunier comme à son habitude, n'ayant toujours pas digéré la pétition que Valérie a fait signer aux commerçants du bas de l'avenue Gambetta au début des travaux, ne comprenant sans doute pas qu'il ne s'agissait pas d'une campagne de communication dirigée à son encontre mais bien d'un appel au secours pour la survie des commerces. Par peur des représailles, de nombreux commerçants n'avaient d'ailleurs pas souhaité signer la pétition à l'initiative de Valérie.





Sur cette pétition, certains commerçants
ont déjà fermé boutique

« Leur situation était déjà critique avant les travaux, ils ont un train de vie bien au dessus de leurs moyens, ils roulent en gros 4x4 et ont une belle maison avec piscine à Carqueiranne », c'est très exactement ce qu'avait répondu Véronique BERNARDINI, l'ex adjointe au commerce à un intermédiaire venu plaider la cause du couple de boulangers.

Pour cette élue, militante LR de longue date, la réussite professionnelle serait elle donc une tare ?

Mais ce n'est pas le plus grave car, comme on dit chez nous, figurez vous qu'il n'y avait pas plus de gros 4x4 et de belle maison à Carqueiranne que de beurre au cul.

Notre bécasse d'élue s'était en effet contentée de reprendre mot pour mot les éléments de langage du cabinet du maire sans prendre la peine de les vérifier elle-même.

Car le couple CLAIRAND habite en fait à Rians dans une maison de village dont ils n'ont d'ailleurs pas fini de payer les traites et ils font quotidiennement près de trois heures de route (mais pas en gros 4x4) pour venir travailler 12 à 15 heures par jour à Hyères afin d'essayer de sauver leur entreprise.



Taxe foncière des époux CLAIRAND à Rians

Sans doute s'est-elle emmêlée les pinceaux avec un autre boulanger hyérois qui lui habite bien à Carqueiranne ?

Tous ces mensonges, relayés sans filtre par la 2ème adjointe de l'époque, sont tout simplement insupportables et, lorsque nous avons eu entre nos mains quelques semaines plus tard la photo de l'élue en grand discussion avec ses collègues de l'opposition, vous comprendrez que nous n'avons pas hésité une seule seconde à la publier (lire ici), juste retour de manivelle pour celle qui n'avait pas levé le petit doigt pour aider ces commerçants dans le besoin...

60 000 €, c'est ce qu'il aurait fallu aux époux CLAIRAND pour tenir jusqu'en janvier et essayer de se remettre à flot grâce aux fêtes de fin d'année et à l'Épiphanie.

60 000 €, une poussière dans le budget communal (0,06%).

60 000 €, c'est en comparaison le montant du 2ème socle en béton construit pour la statue du duc d'Anjou place Clémenceau.


Extrait de la décision du président de la Métropole
 DP N°20/149 relative aux avenants du marché public
de la place Clémenceau
(les montants sont indiqués hors taxes) 


Sauf que dans un cas, il s'agit d'une simple avance sur indemnisation alors que dans l'autre, c'est un détournement de fond public.

Car, même si dans ce document de TPM, on nous explique que cet avenant au marché de la place Clémenceau était justifié par une demande expresse formulée par l'Architecte des Bâtiments de France, il s'avère, selon nos propres sources, que cela n'a jamais été demandé ni par écrit, ni même d'ailleurs oralement.

Sur la base de ce faux document parfaitement officiel, les services de la métropole ont donc payé deux fois le socle (et grassement qui plus est) à l'entreprise de (franc ?) maçonnerie, tout ça naturellement sur le dos du contribuable.

60 000 €, ce n'est pourtant qu'une petite goutte d'eau dans l'océan des magouilles hyéroises puisque dans le marché public du Centre Commercial du Nautisme sur le Port d'Hyères, on en est déjà à plus d'un million d'euros de détournements de fonds publics avec des travaux payés pourtant non conformes ou tout simplement non réalisés.

L'affaire en est à ce jour à son 3ème signalement au Procureur de la République qui ont tous en commun pour objet un détournement de fonds publics (soyez patients, nous en reparlerons).

À Hyères, on préfère visiblement payer rubis sur l'ongle des avenants foireux à des entreprises douteuses plutôt que d'avancer des indemnités parfaitement légitimes à d'honnêtes commerçants en difficulté...

Le 31 octobre, le tribunal de commerce de Toulon procédera à la liquidation de l'entreprise et les époux CLAIRAND auront alors à rembourser près d'1,3 million de dettes (pour leurs investissements). Ils ne sont même pas certains de pouvoir conserver leur logement, vous savez la belle maison à Carqueiranne...

Ce choix dans la date (sans contrepèterie) serait-il l'ultime pied de nez du maire à nos deux commerçants ?

Car c'est le jour d'Halloween que seront enterrées ces deux boulangeries pâtisseries, premier dossier de notre nouvelle adjointe, Isabelle BUTTAFOGHI, qui, est-il bien utile de le rappeler, est directrice de pompes funèbres.

A défaut d'avoir survécu jusqu'à l'Épiphanie, l'épitaphe gravée sur leur tombe fera sans doute l'objet d'un petit geste commercial de sa part :


Ci-git la boulangerie Pastor Maison Margot,

Honnête échoppe n'ayant pas survécu aux travaux,

A qui, pour être certain d'être bien mort en appel,

Notre fossoyeur en chef mordit le gros orteil.

Elle laisse derrière elle treize employés éplorés,

qui, à Pôle Emploi iront bientôt pointer.

Voilà à quoi sert de vouloir faire des affaires,

Quand on n'a pas ici de casier judic'Hyères...



Vive émotion pour Thierry, Valérie,
Jackie (20 ans de maison) et Brigitte (15 ans)
pour ce dernier dimanche matin à travailler ensemble




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