Le Valdé au son des kalachs
Depuis une dizaine de jours, le quartier du Val des Rougières s'enflamme et les courses-poursuites comme les tirs de kalachs rythment désormais le quotidien de ses habitants.
Paradoxalement, le détonateur de cette explosion de violence semble être la rafle du 6 février dernier (lire ici) où 9 personnes ont été interpellées (parmi lesquelles trois employés de la Métropole TPM).
En effet, on aurait pu logiquement s'attendre à ce que la situation s’apaise ensuite mais cette rafle a semble-t-il donné l'idée aux « équipes » de trafiquants marseillais de venir faire main basse sur le juteux marché hyérois, laissé par la force des choses temporairement vacant.
Depuis, les intimidations se multiplient et les habitants du Valdé ont désormais peur de se prendre une valda dans le buffet. Les enfants de la crèche Tom Pouce ont même dû être confinés par mesure de précaution tandis que d'autres, âgés de 14 ans à peine, envoyés par leurs grands frères des cités phocéennes, étaient interpellés par les forces de l'ordre au volant de véhicules dont le coffre contenait un véritable arsenal.
Mais un nouveau cap vient d'être franchi dans cette guerre des gangs puisque lundi dernier, aux alentours de 14h, ce n'est plus en l'air que les trafiquants ont fait parler la poudre de leurs armes de guerre, mais bien sur les immeubles de ce quartier et plus particulièrement sur le bâtiment K qui en porte encore sur sa façade les stigmates.
Cet événement fait tristement écho avec celui de Marseille, le 10 septembre 2023, lorsqu'une jeune femme de 24 ans habitant une cité du 10ème arrondissement a été mortellement blessée chez elle, dans son appartement au 3ème étage, par une balle perdue de kalachnikov qui visait un point de deal.
Mais, à Hyères, fort heureusement, aucune victime collatérale n'est à déplorer même si certains habitants ont eu la désagréable surprise en rentrant chez eux de retrouver leurs fenêtres brisées par les tirs, des projectiles de calibre 7,62 jonchant encore le sol.
Des camions de CRS stationnent désormais quasiment en permanence dans le quartier tandis que les réunions de crise se multiplient en mairie et en Préfecture ; le Procureur de la République ayant été, selon nos informations, également saisi de ce dossier.
Du côté des habitants, ils sont tous unanimes (à part peut-être celles et ceux dont les associations sont subventionnées par la commune), le quartier est laissé à l'abandon depuis une dizaine d'années.
Pour eux, c'est le cuisant échec de cette politique de la Ville...
Avant, la police municipale patrouillait régulièrement mais, depuis, l'insécurité a gagné peu à peu du terrain et le quartier est maintenant livré à lui-même ; les caïds locaux y faisant désormais la Loi, à tel point, comme nous l'écrivions déjà en septembre 2022 (lire ici) que SOS Médecins n'intervient même plus au Val des Rougières ni aux Bosquets.
Le maire pensait sans doute avoir acheté la paix sociale mais la réalité vient de le rattraper depuis 10 jours et il doit désormais « trouver une solution » comme il vient de s'y engager auprès des habitants inquiets venus à sa rencontre.
Cela passera-t-il par une purge au sein de ses services techniques ? D'autant plus qu'un 4ème employé municipal, toujours du même service (décidemment...) vient d'être interpellé, en possession à son domicile d'1 kg de cocaïne et de 50 000 € en liquide (une nourrice comme on les appelle dans le jargon Ndlr).
Et prendra-t-il enfin le problème à bras le corps plutôt que pratiquer la politique de l'autruche et de faire nettoyer en toute hâte et de fond en comble le véhicule de service d'un des 3 agents du service « Propreté » écroués, au cas où on y trouverait des résidus compromettants ?
Pour comprendre la guerre des gangs au VdR, on pourrait presque oser un parallèle avec la politique du logement à Hyères, où les loups du BTP sont attirés inexorablement depuis une dizaine d'années par l'odeur alléchante du PLU, dans ce pays de cocagne jusqu'alors préservé de la bétonisation.
De la même façon, le juteux marché du narco-trafic hyérois est en train de s'ouvrir et il est normal que de nouveaux investisseurs souhaitent s'implanter dans ce secteur qui était jusqu'alors quasiment en régie municipale...