Cadeaux clients du Petit Bain : la mairie fait le canard…
Le but d'une entreprise est-il vraiment d'échapper à l’impôt ?
C'est en tout cas la question qu'on peut légitimement se poser au regard de la teneur des échanges lors de la commission consultative des services publics locaux (CCSPL) du 25 novembre dernier, où la comptabilité de la Délégation de Service Public (DSP) du « Petit Bain » a, une nouvelle fois, animé les débats hyérois.
Dans notre précédent article (« le Petit Bain, resto du cœur » à lire ici), nous nous inquiétions avec une pointe d'ironie pour les gérants de ce restaurant de plage que leur générosité semblait entraîner lentement mais sûrement vers la banqueroute.
En 2021, ces philanthropes offraient en effet 163 350 € de « cadeaux clients ». Une somme plutôt rondelette qui représentait à l'époque 15 % de leur chiffre d’affaires. Soit 5 fois le montant de leur bénéfice, sacrifié sur l'autel de la fidélisation de leur clientèle exigeante.
L’année suivante, c'était un véritable plongeon en piqué pour le couple de restaurateurs qui ne tiraient plus aucun bénéfice de l'exploitation de leur lot de plage. 12 % de leur chiffre d’affaires partait alors en fumée (206 848 €) au grand désespoir de leur expert-comptable frôlant pour le coup l'apoplexie.
Heureusement que 2023 a marqué un tournant pour eux...
Comprenant qu’ils seraient forcément obligés de réduire la voilure, ils ont en effet trouvé une formule ingénieuse pour continuer à fidéliser leurs clientèle sans risquer de mettre en danger leur petite entreprise.
Désormais, à l’apéritif, plutôt que d'offrir du coûteux Ruinart ils proposent… de la cade aux clients, dorée au four et savoureuse, selon une recette familiale typiquement toulonnaise !
Et même au prix du kilo de farine de pois chiche, ils sont en définitive largement gagnants puisqu'ils retrouvent une marge bénéficiaire positive (+ 10 179 €) et surtout la fierté de contribuer à l’économie de la Nation en payant à nouveau l’impôt (certes 0,16% de leur chiffre d’affaire mais 2382 € tout de même qui tombent dans les caisses de l’État).
En espérant sincèrement qu’en 2024, ils puissent continuer à redresser ainsi la barre. Car vu l’état de leurs finances, on n’est pas forcément certains que la commune trouverait repreneurs s’ils venaient à déposer le bilan.
Il faut effectivement se rappeler qu'ils ne se bousculaient pas au portillon lors de la précédente attribution de cette DSP (ils étaient même les seuls à postuler) ; démontrant de facto que c’est un véritable sacerdoce que de tenir un lot de plage à Hyères.
On attendra donc avec impatience la prochaine commission consultative des services publics locaux (CCSPL) en novembre 2025 afin de savoir s’ils continuent sur la voie du redressement comptable (ou fiscal ?).
D’ici là, attardons nous quelques instants sur le compte rendu de la dernière CCSPL du 21 novembre 2023 (qui vient seulement d'être rendu public) qui nous réserve quelques belles pépites…
Ne voulant visiblement pas faire de vague pour ce lot de plage houleux, l’adjoint à l’urbanisme, François CORNILEAU, tempérait les questions des membres de la commission (MM. COLLET, REVEST et BOUSQUET Ndlr) sur ces « cadeaux clients » en expliquant que « le but d’une entreprise est d’échapper aux impôts ».
Une vision pour le moins originale ! On aurait plutôt pensé que le but d'une entreprise était de générer du bénéfice, accessoirement d'assurer une mission de service public puisqu'il ne faut pas oublier qu'il s'agit là d'une DSP...
Le maire, plus prudent, préférait parler le 25 novembre dernier d’ « optimisation fiscale » bien que ce ne soit pas exactement le terme employé par l'administration fiscale pour qualifier le bilan comptable du « Petit Bain » qui aurait, si nos informations sont exactes, apparemment coûté un redressement fiscal à 6 chiffres à nos généreux restaurateurs.
12% de cadeaux clients, est-ce finalement si choquant ?
En tout cas, cela ne semble pas émouvoir davantage François CARRASSAN, un autre des élus siégeant en CCSPL, qui estime quant à lui que c'est « une pratique très répandue surtout dans la restauration », avant d'affirmer, péremptoire, à son auditoire : « en l’espèce, 12% d’offerts n’est pas scandaleux ».
Car, lorsqu’on est capable de payer sans sourciller 25% de travaux non faits ou non conformes sur le chantier du Centre Commercial du Nautisme (pour un total de 1 352 632 €), on peut aisément comprendre que, dans l'esprit de nos élus, 12% de cadeaux clients soient bien peu de choses en comparaison.
Juste de l’« optimisation fiscale » pour un Jean-Pierre GIRAN décidemment très conciliant.
Finalement, de simples Dons pour se Soustraire au Percepteur (DSP) ?