Narco-employés hyérois : déjà un an d'omerta
Naïvement, nous pensions que le procès en diffamation intenté par la Métropole contre le gabian déchaîné serait l'occasion de laver leur linge sale en public. Nous imaginions en effet un grand déballage médiatico-judiciaire dans lequel l'affaire des 4 narco-employés métropolitains arrêtés le 8 février 2024 serait enfin exposée en pleine lumière !
Eh bien, figurez-vous que nous avons perdu, lamentablement perdu !
Pas au tribunal, rassurez-vous, où le maire s'est pris une belle déculottée (décidément...) mais dans les médias puisque, malgré la couverture médiatique du procès par BFM TV Toulon Var et Var Matin, personne n'a osé briser l'omerta en parlant du (vrai) sujet de fond de notre article qui a pourtant largement animé les débats au tribunal correctionnel de Toulon : l’arrestation de 4 employés du pôle « proximité » de l'antenne hyéroise de TPM, pour trafic de drogue et associations de malfaiteurs.
Alors, oui, la relaxe a été prononcée mais avec un petit goût amer puisque cette affaire dans l'affaire a été condamnée au silence...
Et notre seule consolation fut de voir le quasi-beau-fils du maire (l'une des 5 parties civiles dans ce dossier, Ndlr) perdre son sang-froid et péter littéralement les plombs à l’annonce du verdict ; vociférant en pleine salle d’audience un inoubliable « casse-toi, casse-toi » à l’encontre de l’auteur du gabian déchaîné. Sauf qu'on n'est pas partis, vu qu'il n'avait pas dit « Jacques a dit »...
Lui comme beaucoup d’autres sont probablement déçus que, malgré toute l’énergie et les moyens publics déployés (5 mises en examen, la protection fonctionnelle accordée aux 5 plaignants, un ténor du barreau lyonnais embauché à prix d'or, 24 000 € de consignation par la Métropole pour les frais de justice,…), ils n’aient pas réussi à clouer le bec du gabian.
La Métropole a encore deux cartouches à tirer pour tenter de nous mettre définitivement au tapis, le 16 mai prochain, puisque deux nouvelles plaintes en diffamation ont été deposées par le président de la Métropole contre nos deux articles intitulés « le clan du Saint-Cyrien partie 2 » et « CCN : la chambre régionale nous met le compte ». Mais, cette fois encore, on ne se laissera pas plumer sans rien dire !
Il est malgré tout frappant de constater que la Métropole semble plus obsédée par l'idée de faire tomber le Gabian Déchaîné que de se soucier de la gestion ahurissante de ses propres services ; ne s’inquiétant visiblement pas outre mesure du poison qui semble aujourd'hui couler dans ses veines…
Pourtant, dès le 6 octobre 2023, nous l'avions alertée dans un premier article (à lire ici) de la garde à vue d’un de ses agents de nettoyage du Val des Rougières, interpellé le 7 juin 2023 lors d'une opération « coup de poing » qui avait conduit à la saisie de 12 kg de cocaïne, 3,7 kg d’héroïne, 1,3 kg d’herbe de cannabis, 3,7 kg de résine de cannabis et 70 650 € en espèces.
Un joli butin qui, à l’époque, n’avait pourtant pas fait sourciller nos élus…
Et comme dans un mauvais scénario de série B, l'histoire s'est évidemment répétée quelques mois plus tard, le 6 février 2024, lors d'une nouvelle opération anti-drogue au Val des Rougières. Ce jour-là, ce ne fut pas un, mais bien quatre employés du pôle « proximité » de l'antenne hyéroise de TPM figurant parmi les neuf personnes interpellées. C'est sans doute ça qu'on appelle l'effet « boule de neige » ?
L’histoire ne s’arrête pas là, loin s’en faut, puisqu’une fois la « place nette », la DZ mafia marseillaise est rapidement venue reprendre le business laissé vacant par nos narco-employés, à grands coups de kalachs sur les murs de la Cité.
Le maire et président de la Métropole poussa alors des cris d’orfraie, réclamant à cor et à cri au Préfet que le quartier du Val des Rougières soit classé en « quartier de reconquête républicaine », dans un numéro digne de l’actor studio.
La situation était sans doute plus facile pour lui à gérer quand ses employés contrôlaient le marché ?
Dans la presse locale, silence radio encore une fois... L'incarcération de trois fonctionnaires de TPM (le quatrième étant placé sous contrôle judiciaire Ndlr), dans les prisons de Luynes, la Farlède et Draguignan serait-elle si banale qu'elle ne mérite même pas un entrefilet dans notre Pravda locale ?
Un an plus tard, que sont donc devenus ces 4 agents ? Ont-ils été finalement blanchis ?
Pour nous aider à y répondre, nous avons donc questionné à ce sujet la direction générale des services de la Métropole ainsi qu’Eric GIRARDO, l'adjoint hyérois en charge de la propreté :
- sous quel statut administratif sont actuellement placés ces agents ?
- une enquête administrative est-elle en cours et des sanctions ont-elles déjà été prises à leur encontre ?
- la Métropole a-t-elle identifié d’éventuelles failles dans ses procédures qui auraient pu permettre ces faits supposés de trafic de drogue et d’association de malfaiteurs ?
- quelles mesures ont été prises pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise ?
- la Métropole envisage-t-elle de se porter partie civile dans ce dossier (comme elle l'a fait précédemment à l'encontre de notre blog) ?
Pourtant, la mise sur écoute de véhicule(s) du pôle «proximité » par la police judiciaire de Toulon (ayant conduit à l'arrestation des quatre fonctionnaires, Ndlr) semble indiquer le contraire. Et s'il s'agit bien d'une affaire privée, comme n'hésite pas à l'affirmer l'adjoint, la probabilité que 4 agents d'un même service puissent être impliqués dans une même affaire criminelle nous semble quasiment nulle, évidemment partout ailleurs qu’à Hyères…
A ce jour, deux des quatre agents interpellés sont toujours sous mandat de dépôt. Le troisième, récemment libéré, a été placé quant à lui sous contrôle judiciaire. Sur l'organigramme du pôle « proximité » de l’antenne hyéroise de TPM, datant du 1er janvier 2025, il semblerait qu'il ait repris ses fonctions, toujours au sein du même service.
Lorsque nous enquêtions en 2023 sur ce stupéfiant service pueblic, son nom figurait bien sur la short-list des personnels bénéficiant plus souvent qu’à leurs tours d'astreintes. Mais nous ne lui avions pas prêté attention à l'époque.
Ce n'est qu'en nous replongeant dans nos dossiers, procès oblige, que nous avons remarqué, parmi nos 42 pièces justificatives produites au tribunal, qu'il figurait presque un week-end sur deux sur les plannings d'astreintes.
L’histoire ne nous dit pas s’il était payé en heures stups…
Rappel : Conformément à l'article 9-1 du Code civil, les quatre fonctionnaires mis en cause dans cet article bénéficient de la présomption d’innocence jusqu’à ce qu’une décision de justice définitive soit rendue.