Sauvetage du Tombolo : les Bisounours à la rescousse

Qui pourrait bien vouloir s'opposer au sauvetage du tombolo ouest de la presqu’île de Giens ? Personne évidemment...

La Fédération des Activités Nautiques Environnement (FNAVe), petite association très locale autoproclamée départementale, l'a bien compris et surfe actuellement sur la vague en lançant une pétition en ligne (disponible ici) ultra-consensuelle (comment en effet ne pas la signer des deux mains sans passer pour un climato-sceptique primaire ?) dont l'ambition, excusez du peu, est de « sauver notre Tombolo ».

Et fissa SVP le sauvetage car « il y a URGENCE !!! », comme l'indique le titre accrocheur de leur pétition, sans que l'on sache vraiment très bien si on raisonne à l'échelle de la planète ou à celle des élections.

Car, sous ses airs de grande cause rassembleuse, on a effectivement un peu l'impression, à quelques mois des municipales, d'être pris pour des Bisounours ; le sauvetage du tombolo relevant davantage selon nous de Mère Nature que d'une digue du cru, d'autant que cette dernière est enlisée, au grand désespoir du maire, depuis plusieurs années dans des méandres... administratifs.

Rassurez-vous, malgré l’affolement savamment orchestré (et la pression ainsi mise sur les services de l’État), la presqu’île de Giens n’est pas prête de disparaître (du moins pas tout de suite) et cette pétition un tantinet démago aurait plutôt dû, selon nous, s'appeler « Sauver notre route du sel ».


La pétition sur change.org (1er octobre 2025)

Car, en filigrane, il nous semble bien que c’est de cette route dont il est réellement question dans la pétition et, avec elle, les équilibres politiques locaux. Car si Giens perd son itinéraire bis de circulation estivale, cela pourrait faire perdre quelques précieux bulletins arbanais au prochain scrutin…

Pourtant, si on avait dû agir plus tôt, c’est bien de ce côté-là qu’il aurait fallu creuser... car depuis sa création en 1969, toutes les études menées s’accordent à dire que c'est la route du sel qui fragilise le cordon dunaire du côté ouest de la presqu'île.

En 1996, parmi les trois options envisagées pour préserver le tombolo ouest – laisser faire la nature, reculer la route ou figer le trait de côte – la plus efficace semblait déjà, à cette époque, être le recul de la route du sel.

Sept ans plus tard, une étude menée par l’union européenne (Eurosion) donne à nouveau un coup de pied dans la fourmil’hyères, en remettant en question l’efficacité des digues jusqu’alors envisagées.

En 2017, rebelote : l’étude SEATECH confirme les précédents diagnostics : l’abandon de la route du sel et le recul du trait de côte permettraient selon elle une meilleure protection du tombolo en donnant l’espace nécessaire à la création d’une véritable dune en arrière plage – une solution qui a d’ailleurs été appliquée avec succès aux Vieux Salins où la Nature a depuis repris ses droits.

Le plan de mobilité durable de la presqu’île de Giens (EGIS) prévoyait quant à lui en 2019 la suppression pure et simple de toute circulation automobile à l’horizon 2023-2024 ainsi que le transfert des départs de certains bateaux vers le port d’Hyères. À noter d’ailleurs que l’étude réalisée conjointement par le parc national de Port Cros et la DREAL (Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) le proposait également…

Enfin, il convient également de rappeler ici les conclusions de l'étude de faisabilité de l’Opération Grand Site (OGS) de la presqu'île de Giens et des Salins qui, bien que datant d'il y a 14 ans étaient déjà parfaitement explicites : il fallait selon elle « transformer la route en promenade du sel » et réorganiser les mobilités, parmi lesquelles le flux maritime vers Porquerolles.

Alors, si on veut vraiment sauver le tombolo ouest, peut-être faudrait-il commencer tout simplement par écouter les spécialistes (qui disent tous à peu près la même chose depuis 30 ans) plutôt que de multiplier les études (financées sur le dos du contribuable) jusqu’à ce que l’une d’entre elles finisse enfin par dire ce qu’on a envie d'entendre.

Mais cela reviendrait évidemment à sonner le glas de la route du sel, du moins telle que nous la connaissons aujourd’hui…

Alors, qu’importe ce que disent toutes ces études, cela n’a pas empêché la FVANE, forte de ses 8751 signataires (un « succès » qu'il convient toutefois de relativiser lorsqu’on constate, sur le même site change.org, que la pétition pour sauver les cachous Lajaunie a recueilli 6 fois plus de signatures) d’organiser une chaîne humaine le 20 septembre sur la plage de l’Almanarre.

Les organiseurs de cet événement – Guy Hily (qu’il ne faut surtout pas chatouiller sur ce sujet) et Sabine Coll (qui, bien qu’étant une de ses compatriotes, n’est pas la femme d’Helmut pour autant) – espéraient bien, vu le nombre de pétitionnaires, que leur chaîne humaine relierait symboliquement l’Almanarre à Giens.

Une véritable digue humaine remplaçant celle que les services de l’Etat refusent obstinément de laisser construire à notre bon maire qui, tel Noé (un de ses anciens camarades de promo), se bat contre vents et marées pour nous sauver coûte que coûte de la montée des eaux.

Aux côtés de Jean-Pierre Giran, deux autres candidats aux élections municipales, François Cornileau et Jean-Michel Eynard-Tomatis, flairant sans doute le bon coup (de com'), s'étaient joints eux-aussi à cette joyeuse farandole.

Mais occuper le terrain, exister médiatiquement, rameuter deux ou trois candidats en mal d’événements, n'a jamais suffi à figer le trait de côte et la maillon-aise, n'a, fort logiquement, malheureusement pas pris.

En effet, l’événement annoncé comme une démonstration de force – un véritable tsunami populaire selon certains – a rapidement tourné en eau… de boudin et la chaîne humaine – composée seulement de quelques dizaines de participants – compta en définitive plus de trous que de maillons…

En résumé, beaucoup d'écume, peu de vagues et un événement qui, vu d'en haut, ressemblait plus à une chaînette... de bidet... ou de lavabo.


Article du 21 septembre 2025

Voilà, en quelques mots, comment ce jour-là, l'opération « Bisounours à la rescousse » tomba-alo !

Mais comme on a, nous aussi, un petit cœur de Bisounours, impossible de ne pas conclure sur une note d'espoir...

D'où notre audacieux plan de sauvetage (totalement gratuit) du tombolo ouest qui table, lui aussi, sur une grande chaine de seau-lidarité.

Son principe est d'une simplicité enfantine : chaque touriste venant se dorer la pilule l’été à l’Almanarre devra désormais apporter sa modeste contribution en amenant un petit seau rempli de sable qu'il déposera sur le cordon dunaire afin de lutter contre l’érosion marine.

Ajoutez à cela des petites cuillères (en plastique biodégradable) distribuées gratuitement sur la plage, afin de pouvoir écoper l’eau en trop, des rangées de pédalos-éoliens amarrés en travers du tombolo pour casser les vagues, une armada de parasols servant de barrière anti-ressac, quelques escadrilles de gabians dont les fientes cimenteront la dune... et l’avenir du double tombolo est à nouveau assuré !!!

Et puisque la FNAVe prétend vouloir se battre au nom des générations futures, pourquoi ne pas les mettre après tout elles aussi à contribution dès maintenant ? On pourrait en effet obliger toutes les colonies de vacances et les centres aérés, largement subventionnés par nos impôts, à faire construire gratuitement par leurs petits pensionnaires d’immenses châteaux de sables chargés d’endiguer la montée des eaux.

Allez, les minots, au boulot : à vos pelles et vos râteaux !

Résultat garanti à 100% : en une seule saison touristique, on devrait facilement obtenir un double, un triple voire même peut-être, qui sait, un quadruple tombolo...



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